Je dois à Cioran l'orgueil d'être une métèque. J'avais dix-huit ans quand je le vis pour la première fois. Il me donna Les Confessions d'un mangeur d'opium anglais. Mais c'est d'un autre livre de Thomas de Quincey qu'il me parla : La Nonne militaire d'Espagne. Cette histoire échevelée d'une jeune Basque qui s'échappe d'un couvent et parcourt le monde en habit de garçon, trucidant de nombreux personnages sur son parcours, avait de quoi exalter l'imagination de celui qui aimait les héroïnes qui ne sont pas d'ici. À lire Cioran on se figure un misanthrope, qui se défend de toute intrusion, se retranche derrière ses syllogismes pour écarter les importuns. Or, Cioran était l'être le plus accueillant qu'il m'eût été donné de connaître. Il m'avait encouragé à écrire, alors que lui-même comparait le roman à une tragédie au rabais.
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Info: Le complexe de Caliban, p 47
Commentaires: 2
miguel
09.06.2022
oui merci
Coli Masson
07.06.2022
écrivain-sur-écrivain ?