Le mot "épiclèse", qui n’est entré que progressivement dans le vocabulaire chrétien et qui ne se trouve pas dans la Bible, signifie une invocation (epiklêsis) du Saint-Esprit, plus particulièrement en connexion avec les prières eucharistiques. Selon les Grecs, l’épiclèse est déterminante pour la transsubstantiation [...] tandis que selon les Latins, ce sont les paroles du Christ qui opèrent le sacrement [...]. Pour l’Église d’Occident, la parole du Christ – et du prêtre parlant in persona Christi – opère la consécration parce que Dieu crée par sa parole ; pour l’Église d’Orient au contraire, c’est le Saint-Esprit qui opère la consécration parce qu’il avait opéré l’Incarnation dans la Vierge.
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Par l’épiclèse, le prêtre "supplie" et "conjure" Dieu le Père de faire descendre le Saint-Esprit sur les espèces eucharistiques et de les changer – "par une faveur de ta bonté", dit saint Basile – au corps et au sang du Christ. [...]
Or, de deux choses l’une, si nous voulons être logiques : ou bien la transsubstantiation est certaine ex opere operato et en vertu de l’ordre divin (hoc facite in meam commemorationem), et alors la supplication est inutile ; ou bien la supplication est utile, et alors la transsubstantiation est incertaine [...]. [...]
Prise littéralement, l’épiclèse consécratoire est une sorte de tautologie ; mais il faut comprendre son intention sous-jacente, qui est surtout morale, et qui est de marquer notre conscience de l’immense disproportion entre la grâce divine et l'impuissance humaine.
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Info: Dans "Christianisme/Islam", éditions Archè Milano, 1981, pages 23 à 25
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