Et cette présence du Tout-Autre est une des nécessités les plus fondamentales de notre société, de notre temps, en fonction des totalitarismes multiples, des fermetures des relations humaines, de la glaciation, qui caractérisent ce monde technicien étatisé. Si notre société récupératrice est totalitaire, seule la proclamation d’un Tout Autre radical, et au travers de cette proclamation l’intervention de ce Tout Autre, inassimilable, incommensurable, inutilisable peuvent produire une ouverture, une débâcle de la banquise, un jeu dans les rouages, un espace non comblé. Mais ceci ne peut pas provenir d’une quelconque force interne, intrinsèque au système : elle serait aussitôt réintégrée. Et ceci ne peut s’effectuer qu’au travers d’une parole car seule la parole est libre. Mais une parole vive, non pas la langue de plomb, et la parole ne peut rester vive que si elle est écho, retour, réponse, question, de l’autre Parole, qui est par nature essence et vérité, indépendance et genèse, autoproductrice – autocéphale – autonome.
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Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 174-175
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