Il y a eu très peu de grands maîtres athées : Leopardi, Rimbaud... Dans notre culture, presque tous ceux qui ont créé ont joué avec la possibilité d'une foi. Même Derrida va finir grand rabbin : ses derniers textes sont d'un judaïsme rabbinique. La Recherche est une oeuvre pleine de Dieu. Pensons aux pages où les anges étendent leurs ailes sur les textes de Bergotte mort dans les vitrines de Paris... C'est comme du Bach, un des derniers grands chants du transcendant. Concevoir le grand imaginaire athée est difficile. Le génie de Beckett est de nous obliger à l'envisager. Dans une humanité athée, verra-t-on des héros de la dimension d'un Karamazov, d'un Lear ou d'une Phèdre ? Est-ce qu'il y aura des chefs-d'oeuvre ? Qu'on ne me parle pas d'Artaud. C'est un symptôme passionnel, une pathologie.
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Info: Le Figaro littéraire - 12 avril 2001
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