Beckett, c’est une écriture qui résiste, elle aussi, sans mettre en scène cette résistance, mais qui navigue au beau milieu de l’absurdité, en tentant encore l’aventure relationnelle entre deux personnages ; alors même qu’ils ne sont plus capables de rien s’apporter, ils n’en demeurent pas moins interdépendants. C’est là une manière de définir cette pauvreté relationnelle qui peut s’instaurer entre les individus saisis par le ressentiment, ils ne sont plus une ressource pour eux-mêmes, ils ne sont plus une ressource pour l’autre. Ils tournent à vide, et l’écriture de Beckett, qui ne prend aucun apparat pour masquer cela, est d’autant plus terrible qu’elle nous laisse seuls face à cet assèchement.
Auteur:
Info: Dans "Ci-gît l'amer", éditions Gallimard, 2020, pages 146-147
Commentaires: 0