En lisant dans le substantiel discours de M. Thierry Cazes l’histoire de ces malheureux instituteurs, tour à tour gourmandés par le préfet pour leur indifférence, récompensé par le député qu’ils ont servi, honnis par celui qu’ils ont combattu, je pensais à l’infortuné maître d’école est vraiment la plus pitoyable victime de notre glorieuse République.
Nous avons pris un paysan et nous l’avons bourré d’une science hâtive de manuel, où se heurtent effroyablement les niaiseries de l’ancienne scolastique, les mensonges de la philosophie officielle et d’informes données scientifiques sans coordination, sans vue d’ensemble.
Puis nous l’avons bercé d’une illusion magique, nous lui avons dit qu’il était l’ambassadeur de la République auprès des habitants des campagnes, qu’il avait mission d’ouvrir à la lumière, d’éveiller aux idées de liberté, de solidarité, de justice, ces jeunes intelligences jusqu’ici maintenues dans l’inconscience : réservoir inépuisable des énergies de l’avenir. Et, dans la belle école toute neuve, nous avons installé le prophète ébloui du verbe nouveau.
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Info: Le grand Pan (Éd.1896)
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