Ils répètent ensemble : "nous sommes, nous sommes, parce que nous savons, parce que nous pouvons nous dire les mots de la connaissance, de la conscience libre et absolue". Ainsi, se stupéfient-ils les uns les autres.
N'ayant rien et ne pouvant rien donner, ils se laissent aller à des mots qui feignent la communication, car aucun d'entre eux ne peut faire de son monde le monde des autres ; ils feignent des mots contenant l'absolu du monde, et avec ces termes ils nourrissent leur ennui, cataplasme contre la douleur ; avec des mots ils montrent ce qu'ils ne savent pas et ce dont ils ont besoin pour apaiser la douleur ou s'y engourdir. Chaque mot contient du mystère, et les voilà qui s'abandonnent à eux, tissant ainsi un voile supplémentaire, tacitement convenu, sur l'obscurité : "ornements des ténèbres".
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Info: Persuasion and Rhetoric
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