Le poète est célèbre. Lorsqu'il entre dans une brasserie du boulevard Saint-Michel, les consommateurs se poussent du coude et contemplent avec une curiosité nuancée d'admiration, ce crâne chauve, ce front bosselé comme un antique chaudron, cette face camuse, ce nez socratique. Un murmure s'élève : C'EST LUI. Et les femmes, le regardant à travers sa renommée, sont presque tentées de le trouver beau [...]. Ce sauvage est, croyez-le bien, sauvage par nécessité. Il serait heureux de ne pas mourir à l'hôpital. Il y mourra cependant, et pour sa plus grande gloire, afin que la postérité puisse dire que notre société ingrate et capitaliste n'a pas su affranchir de la misère le “poète de la jeunesse française”.
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Info: A propos de Paul Verlaine dans "Les annales politiques et littéraires", 1894
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