Le bout de papier avalé se coince dans la trachée à la hauteur du coeur, la salive l'imprègne, l'encre noire, spécialement conçue pour cette missive, se dissout lentement et les lettres perdent figure. Dans le corps humain, le mot se divise alors en substance et en essence. Tandis que la première disparaît, la seconde, privée de forme, se laisse capter par les cellules du corps parce que, par essence, elle est toujours en recherche d'un support materiel, même si cela doit se faire au prix de nombreux malheurs.
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Info: Premières lignes de "Les livres de Jakob", éd. Noir sur Blanc, p. 1031-1032 - à noter la numérotation, à rebours du déroulement du récit
Commentaires: 4
Benslama
18.03.2020
Pas d'impasse - juste un arrière-goût, après ingestion... A noter, ce que je n'ai pas indiqué en infos, que cette ingestion de texte, à la première page du livre, est celle d'une formule magique par une mourante, qui doit lui permettre de retarder son décès - dans le paragraphe suivant, elle quitte son corps !
miguel
18.03.2020
Vous avez donc fait l'impasse sur le terme assimilation ?... Merci pour le retour... ici g quasi l'impression que les 8 tags sont nécessaire pour cerner l'extrait... c'est rare.
Benslama
18.03.2020
Là encore, je sentais que la "migration" pourrait poser problème - ça me va comme ça - le terme "assimilation" est exactement le bon... mais je ne l'aime pas trop, d'une manière plus générale (souvenir de débats, quand il désignait le but poursuivi par les autorités françaises vis-à-vis des immigrés : les rendre similaires - d'où les campagnes sur le respect des "différences" - à vrai dire, je ne me préoccupais pas trop de ces questions, à l'époque, mais elles ne pouvaient pas me laisser totalement indifférent...)