Au fond, je crois que l’existence n’est qu’un apprentissage de la perte. À peine né, toute une galaxie disparaît. La coquille utérine, sa moiteur, la musique des bruits assourdis par l’épaisseur du ventre nous sont soudain ôtées sans ménagement. Quelques temps après, la chaude mamelle, la caresse et l’attention sans mesure font des va-et-vient douloureux puis se volatilisent à leur tour. Alors on cherche des remplaçants à la mère de l’enfance. Camarade, frère, sœur, ami, amoureux… Mais eux aussi finissent toujours par s’éloigner ou par disparaître. Jusqu’au salut ultime, la vie n’est en réalité rien d’autre qu’une succession d’éclipses.
Auteur:
Info: Les corps conjugaux
Commentaires: 0