Le monde avait un sens pour l’homme du Moyen Age. Il savait que Dieu avait créé le monde et l’avait créé lui-même dans un dessein bien défini : le ciel ou l’enfer. Le sens était donné. Le monde dans lequel nous vivons tous aujourd’hui est un asile d’aliénés, c’est le sentiment de beaucoup. Certains d’entre eux me le disent. Toute cette énergie qui est à l’origine de la floraison de la vie émotionnelle de l’homme du Moyen Age et dont on trouve l’expression dans la grande peinture et la statuaire religieuses, ainsi que dans la construction des cathédrales, cette énergie s’est affadie, mais elle n’est pas perdue ; car une loi veut que l’énergie ne se perde jamais. Mais qu’est-elle devenue ? Où est-elle passée ? La réponse est : dans l’inconscient humain. On peut dire qu’elle est descendue d’un étage.
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Info: Extrait de l’article du Hearst’s International Cosmopolitan d’avril 1934, publié dans "Jung parle ; rencontres et interviews"
Commentaires: 1
Coli Masson
06.12.2019
Je ne mettrais pas l'étiquette régression qui est connotée péjorativement. Ainsi que Jung l'écrit dans Métamorphoses de l'âme, les mouvements de la libido sont cycliques : à l'extraversion de l'énergique psychique succède l'introversion, et ainsi de suite. L'introversion est donc plutôt vue comme un "reculer pour mieux bondir".