La vie heureuse, n'est-ce pas cela même que tous désirent, et que personne au monde ne se refuse à désirer Où ont-ils appris à la connaître, pour la désirer ainsi ? où l'ont-ils vue, pour l'aimer ? Sans doute la possédons-nous d'une manière que j'ignore. Ii y a une certaine manière qui fait que chacun, au moment où il la possède, est alors heureux; il en est aussi qui sont heureux en espérance. La manière dont ceux-ci possèdent la vie heureuse ne vaut pas l'autre, où ceux-là sont heureux déjà par la réalité même; mais pourtant elle vaut mieux que celle des gens qui ne sont heureux ni en réalité ni en espérance. Et encore ces derniers eux-mêmes, s'ils ne possédaient pas de quelque manière la vie heureuse, ne désireraient pas tant être heureux; or ils le désirent, rien de plus certain. Je ne sais de quelle manière ils ont appris à la connaître, et voilà pourquoi ils la possèdent dans je ne sais quelle notion; et je fais tout pour savoir si cette notion est dans la mémoire, car, si elle est là, c'est que déjà nous avons été heureux autrefois. Le fûmes-nous tous individuellement, ou dans l'homme qui commit le premier péché, en qui aussi nous sommes tous morts et de qui nous sommes tous nés avec la misère ? Je ne cherche pas cela pour le moment, mais je cherche si la vie heureuse se trouve dans la mémoire. En vérité, nous ne l'aimerions pas, si nous ne la connaissions pas.
Auteur:
Info: Les Aveux, Traduction de E. Tréhorel et G. Bouissou
Commentaires: 1
Coli Masson
19.07.2024
Il faudrait mettre l'extrait complet : La vie heureuse, n'est-ce pas cela même que tous désirent, et que personne au monde ne se refuse à désirer Où ont-ils appris à la connaître, pour la désirer ainsi ? où l'ont-ils vue, pour l'aimer ? Sans doute la possédons-nous d'une manière que j'ignore. Ii y a une certaine manière qui fait que chacun, au moment où il la possède, est alors heureux; il en est aussi qui sont heureux en espérance. La manière dont ceux-ci possèdent la vie heureuse ne vaut pas l'autre, où ceux-là sont heureux déjà par la réalité même; mais pourtant elle vaut mieux que celle des gens qui ne sont heureux ni en réalité ni en espérance. Et encore ces derniers eux-mêmes, s'ils ne possédaient pas de quelque manière la vie heureuse, ne désireraient pas tant être heureux; or ils le désirent, rien de plus certain. Je ne sais de quelle manière ils ont appris à la connaître, et voilà pourquoi ils la possèdent dans je ne sais quelle notion; et je fais tout pour savoir si cette notion est dans la mémoire, car, si elle est là, c'est que déjà nous avons été heureux autrefois. Le fûmes-nous tous individuellement, ou dans l'homme qui commit le premier péché, en qui aussi nous sommes tous morts et de qui nous sommes tous nés avec la misère ? Je ne cherche pas cela pour le moment, mais je cherche si la vie heureuse se trouve dans la mémoire. En vérité, nous ne l'aimerions pas, si nous ne la connaissions pas. traduction de Traduction de E. Tréhorel et G. Bouissou Ici, il me semble que st Augustin parle des idées platoniciennes, de la réminiscence, de la connaissance intellectuelle.