Il y a toujours des débats complexes quant à ce que Nietzsche a compris de la vérité. Il ne pensait certainement pas, dans un esprit pragmatique, que les croyances sont vraies si elles servent nos intérêts ou notre bien-être : nous venons de voir quelques unes de ses dénégations répétées quant à cette idée. L'opinion la plus récente est qu'il fut le premier de ces négationnistes qui pensent que la vérité n'existe pas, ou que la vérité est ce que tout le monde pense qu'elle est, ou qu'elle représente une catégorie ennuyeuse dont on peut se passer. C'est aussi une erreur, et même plus que ça. Nietzsche ne pensait pas que l'idéal de la véracité perd du terrain une fois ses origines métaphysiques dévoilées ; il ne pensait pas non plus que la véracité puisse être détachée du souci de la vérité. La vérité en tant qu'idéal conserve son pouvoir, et au-delà de la considérer comme sans importance ou malléable, la question principale est de savoir comment la rendre supportable.
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Info: Truth and Truthfulness: An Essay in Genealogy. Princeton University Press, 2002; 2010. p. 16
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