Évaluons cependant le problème [de la gestion des forces] avec réalisme. En mécanique céleste, où l'on traite de forces variant aussi simplement que le carré inverse de la distance et agissant sur des masses rigides, le problème des trois corps, sans parler du problème des n-corps, tout ceci défie encore dans sa généralité l'ingéniosité des mathématiciens. Les forces entre les cellules sont beaucoup plus complexes ; elles ne sont pas conservatrices, et les cellules ne sont pas seulement déplacées mais aussi modifiées tant à l'extérieur qu'à l'intérieur par ces forces. Quelles sont les chances d'un avenir prévisible pour une grand nombre de générations pour maîtriser ne serait-ce qu'approximativement le problème d'un organisme qui agrège des cellules, considérant que cet organisme se compose de milliers de milliards de cellules, de centaines de tissus différents, et de milliers de structures complexes interdépendantes. Le pessimisme n'est pas une chose saine dans le domaine scientifique, mais l'optimisme irréaliste non plus.
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Info: Biophysique mathématique : Fondements physico-mathématiques de la Biologie (Volume 2) Chapitre XXVIII (p. 307) The University of Chicago Press. Chicago, Illinois, États-Unis. 1948
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