J’ai éprouvé la même sensation qu’à l’âge de huit ans, quand j’avais eu 40.5°C de fièvre et que tous mes sens étaient si atrocement aigus que les crêtes papillaires de mes doigts ressemblaient à des montagnes et qu’il me semblait sentir le grain de la réalité, chacune de ses particules rugueuses. J’ai eu l’impression que ma vie entière n’avait été jusqu’alors qu’un rêve terne, et je venais juste de m’éveiller – en entendant le cri qui était en moi depuis toujours, un courant souterrain d’horreur s’écoulant jour après jour.
Auteur:
Info: Dans "Dans la forêt", pages 120-121
Commentaires: 0