C'est cette année-là, cette première année-là puisque la précédente ne comptait plus, que je nouai amitié avec Marie.
Quand il m'arrive de penser à cette amitié, et j'y pense souvent, j'y rêve souvent - j'y rêve toujours ! -, il me semble qu'il n'y eu rien, dans le cours de ces années, qui la surpassât, rien, dans ces année d'exil, qui me tint le coeur plus au chaud. Et ce n'était pas, je l'ai dit, que je manquais d'affection ; mes tantes, mes oncles me portèrent alors une entière affection ; mais j'étais dans cet âge où le coeur n'est satisfait qu'il n'ait trouvé un objet à chérir et ou il ne tolère de l'inventer qu'en l'absence de toute contrainte, hormis la sienne, plus puissante, plus impérieuse que toutes. Mais n'est-on pas toujours un peu dans cet âge, n'est-on pas toujours un peu dévoré par cette fringale? Oui, a-t-on jamais le coeur vraiment paisible.
Auteur:
Info: L'Enfant noir, 164 Press Pocket n° 1249, p.182
Commentaires: 0