Si tu regardes un cerveau dans du formol tu verras pas des souvenirs conservés. Tu verras pas de noëls ou de premiers cadeaux ou de journées de neige ni de vélo rouge. Les souvenirs doivent bien se trouver quelque part pourtant — même si les tissus sont morts, les choses qui ont créé les souvenirs se sont bien produites ! Alors, où sont-ils ?
Peut-être que si personne d’autre ne s’en souvient, c’est comme si ces choses s’étaient jamais produites. Alors elles existent plus. S’ils me grillaient mes souvenirs, ça serait comme si j’avais jamais existé parce que j’ai pas de soeur, de tante ou de père qui va dire : oh, vous vous souvenez quand Anais s’est cassé la cheville ? Vous vous rappelez quand elle a pleuré pour son anniversaire ? Vous vous rappelez quand elle a mangé un gâteau entier et qu’elle a vomi au fond du bus !
Auteur:
Info: La sauvage, p 87
Commentaires: 0