Tu m'as rendu la vue, Amour, je le confesse
De grâce que c'estoit à peine je sçavoy,
Et or toute la grâce en un monceau je voy,
De toutes parts luisant en ma grande maîtresse.
Or de voir et revoir ce trésor je ne cesse,
Comme un maçon qui a quelque riche paroi
Creusé d'un pic heureux qui recèle sous soi
Des avares ayeux la secrète richesse.
Or j'ay de tout le bien la connaissance entière,
Honteux de voir si tard la plaisante lumière :
Mais que gagne je, Amour, que ma vue est plus claire,
Que tu m'ouvres les yeux, et m'affines les sens ?
Et plus je vois de bien, et plus de maux je sens :
Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire.
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Info: Recueil : Vers françois
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