Parfois Charlotte avait une crise particulièrement douloureuse, et Willard accusait son fils de ne pas vouloir qu'elle aille mieux. Il frappait le garçon, lui donnait des coups de pied puis, plus tard, était envahi de remords. Parfois, il semblait à Arvin que son père s'excusait chaque jour auprès de lui. Au bout d'un moment, il arrêta d'y faire attention et accepta les coups, les mots blessants et les regrets qui allaient avec comme un simple élément de la vie qu'ils menaient désormais. La nuit, ils continuaient à prier jusqu'à ce que leurs voix s'éteignent, puis rentraient titubants de fatigue à la maison et buvaient de l'eau tiède dans le seau du puits, sur le comptoir de la cuisine, avant de s'écrouler sur leur lit, épuisés. Pourtant Charlotte était de plus en plus maigre, se rapprochait de la mort. Quand il lui arrivait d'émerger du sommeil de la morphine, elle suppliait Willard d'arrêter cette folie, de la laisser partir en paix. Mais il n'était pas prêt à renoncer. Si quelque chose qu'il avait en lui était nécessaire, qu'il en soit ainsi. A tout moment, il espérait que l'esprit de Dieu allait descendre et la guérir, et quand la deuxième semaine de juillet arriva à sa fin, il put trouver un peu de réconfort dans le fait qu'elle avait déjà duré plus longtemps que le docteur l'avait prédit.
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Info: Le Diable, tout le temps
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