Bouvard et Pécuchet était une vengeance : et une vengeance d'intellectuel. Ce qui irritait Flaubert depuis sa jeunesse, c'était la bêtise. Ce qu'il appelait la bêtise comprenait la vulgarité, la bassesse, la badauderie, le conformisme bien entendu. Mais ce n'est pas cette infanterie de la bêtise que Flaubert veut faire défiler dans Bouvard et Pécuchet, c'est une forme plus subtile de la bêtise : c'est l'état major de la bêtise, essentiellement l'assurance, la satisfaction de soi, la fermeté dans l'affirmation, le ton pontifiant, c'est-à-dire sur le plan intellectuel l'importance et le dogmatisme. Le niais parvenu, le monsieur Jourdain de la littérature est un ridicule : mais le doctrinaire, le fanatique, le penseur engoncé dans sa cravate et sa certitude sont des imbéciles dangereux. Flaubert l'a répété cent fois, c'est ce dogmatisme qu'il hait. La sottise des intellectuels, pour lui, c'est de vouloir conclure. Il n'y a des faits. Ces faits ne s'ordonnent pas entre eux, on ne peut en tirer aucune image du monde. Et conclure est une escroquerie ou une folie. Penser c'est seulement décrire honnêtement ce qui est.
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Info: biographie de Flaubert
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