L'essentiel est dans la dramaturgie biblique à deux voix. Yahvé et son peuple. Ce qui me plaît, c'est que je suis "cet interlocuteur" auquel s'adresse le texte. Chez les Grecs, il n'y a jamais cette espèce d'interlocution du lecteur. Il y a le Cosmos et une parole bien ordonnée, satisfaite et sûre de soi : bref, personne, et ce sujet que je suis moins que tout autre. Au contraire, la Bible s'adresse à moi en direct. C'est une parole "ad hominem". Il y a ce "Tu" qui m'enjoint d'entendre et de parler. Or, ce n'est pas un être grec qui peut répondre à cette injonction : ce n'est ni l'âme ni le corps de la philosophie grecque, c'est la chair et l'esprit de Paul, le "vif". Le texte d'Homère est très beau, indiscutablement, mais par le fait qu'il se suffit à lui-même, il est mort [...]
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Info: Le Magazine Littéraire n° 448, déc. 2005
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