Une certaine vision ironique conserve-t-elle les individus, ou cette vision est-elle le signe d'une bonne santé foncière, permettant de franchir les étapes morbides ? Je ne sais. Ce qui est certain, c'est que l'injure des ans s'attaque moins à des gaillards comme Adrien Hébrard ou Georges Clemenceau qu'à d'autres, d'aspect plus robuste et durable. Se fichant de presque tout et de tout le monde, ces privilégiés de la durée n'attachent plus à leur santé ni à la fuite des heures ce prix excessif qui engendre la mélancolie et met les tissus organiques en dépression. Selon Alphonse Daudet, l'ironie est le grand antiseptique et je pense que cette comparaison va très loin. Plus que l'Académie française, le rire confère, dès ici-bas, l'immortalité conditionnelle.
Auteur:
Info: Souvenirs, Robert Laffont, Bouquins 1992 p.265
Commentaires: 0