Qu'on me pardonne d'avoir découvert que toutes les philosophies morales ont été jusqu'à ce jour ennuyeuses et de vrais soporifiques ; que rien n'a fait à mes yeux plus de tort à la "vertu" que l'ennui répandu par ses avocats, - dont je ne méconnais pourtant pas l'utilité générale. Il est très important qu'aussi peu de gens que possibles réfléchissent à la morale, il est donc très important que la morale n'aille pas devenir un jour intéressante ! Mais on peut dormir tranquille : il en est aujourd'hui comme il en a toujours été : je ne vois personne en Europe qui soupçonne ou laisse soupçonner que réfléchir sur la morale puisse être quelque chose de dangereux, de captieux, d'insidieusement séduisant, et qu'il puisse s'y cacher quelque fatalité.
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Info: Par-delà le bien et le mal, 1886, Oeuvres II, Robert Laffont, Bouquins 1990<228 p.674>
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