Et cette vertu, dont la force est le nom, quelque sagesse qui l’accompagne, n’est-elle pas un irrécusable témoin des maux de l’homme, qu’elle est contrainte de supporter par la patience ? Et j’admire de quel front les stoïciens nient que ce soient des maux, quand, de leur aveu, s’ils arrivent à ce degré que le sage ne puisse ou ne doivent les souffrir, ces maux l’obligent à se donner la mort, à sortir de la vie. Telle est la stupidité de l’orgueil dans ces hommes qui prétendent trouver le souverain bien ici-bas et le principe de leur félicite en eux-mêmes, que leur sage, celui du moins dont ils tracent l’idéal insensé, devînt-il aveugle, sourd, muet, perclus de ses membres et dût parmi toutes les douleurs que l’on peut dire ou imaginer, une douleur l’atteindre, tellement cruelle qu’il soit forcé de se donner la mort ; la vie de ce sage, une vie consumée par de tels maux, ils ne rougissent pas de la dire heureuse ! Ô vie heureuse qui, pour finir, demande le secours de la mort ! Si elle est heureuse, que n’y demeure-t-on ? Si on la fuit à cause de ces maux, est-elle donc heureuse ? Et ne sont-ce pas des maux, ces accidents qui triomphent de la force et non seulement la réduisent à céder, mais encore l’amènent à ce délire de proclamer heureuse cette vie même que l’on nous persuade de fuir ? Qui donc est assez aveugle pour ne pas voir que si elle était heureuse, elle ne serait pas à fuir ?
Années: 0354 - 0431
Epoque – Courant religieux: empire romain
Sexe: H
Profession et précisions: évêque d'Hippone, philosophe chrétien
Continent – Pays: France - Algérie