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analyste-sur-analyste

Mon compagnon de voyage est un homme que j’aime beaucoup, mais un peu maladroitement rêveur, et il a une attitude infantile à mon égard. Il m’admire sans discontinuer, ce que je n’aime pas, et me critique sans doute âprement dans l’inconscient si je me laisse aller. Il s’est comporté de façon trop réceptive et trop passive, a tout laissé faire pour lui comme une femme, et mon homosexualité ne va quand même pas jusqu’à l’accepter comme tel. La nostalgie d’une vraie femme augmente considérablement dans de tels voyages. 

Auteur: Freud Sigmund

Info: Après son voyage en Italie avec Sandor Ferenczi, dans la "Correspondance Jung-Freud, tome 2 : 1910-1914", trad. de l'allemand et de l'anglais par Ruth Fivaz-Silbermann, éd. Gallimard, 1975, lettre du 24 septembre 1910

[ portrait psychologique ] [ encombrant ] [ couple miroir ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

fondateur de la psychanalyse

Il y a, dans la façon dont Freud nous transmet ce qu’on pourrait appeler les voies de la vérité de sa pensée, une autre face encore, qu’on découvre dans des passages qui viennent peut-être au second plan, mais qui sont néanmoins très sensibles. C’est le caractère souffrant de sa personnalité, le sentiment qu’il a de la nécessité de l’autorité, ce qui ne va pas chez lui sans une certaine dépréciation fondamentale de ce que celui qui a quelque chose à transmettre ou à enseigner peut attendre de ceux qui l’écoutent et le suivent. Une certaine méfiance profonde de la façon dont les choses sont appliquées et comprises apparaît en bien des endroits. Je crois même, vous le verrez, qu’on trouve chez lui une dépréciation toute particulière de la matière humaine qui lui est offerte dans le monde contemporain. C’est assurément ce qui nous permet d’entrevoir pourquoi Freud, au contraire de ce qu’il en est dans ses écrits, a mis concrètement en exercice le poids de son autorité pour assurer, croyait-il, l’avenir de l’analyse. Il a été à la fois exclusif par rapport à toutes sortes de déviations – très effectivement déviations – qui se sont manifestées, et impératif dans la façon dont il a laissé s’organiser autour de lui la transmission de son enseignement.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, pages 21-22

[ portrait psychologique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

protestantisme

Mieux vaut comprendre que l’Augustin d’Erfurt ou de Wittemberg n’a rien d’un assembleur exact de concepts proprement rabotés.

Un théologien, non. Un chrétien avide du Christ, un homme assoiffé de Dieu et dans le cœur tumultueux de qui bouillonnent et frémissent des désirs, des élans, des joies surhumaines et des désolations sans limite, tout un monde de pensées et de sentiments qui, sous le choc des circonstances, débordent et s’étalent en vagues puissantes, pressées, irrésistibles. Chacune suivant sa marche, selon son rythme, sans souci des précédents ni des suivants. Chacune emportant avec elle une part aussi riche, aussi légitime, du cœur et du cerveau dont elle provient. Chacune reflétant un des aspects de Luther. Et c’est ainsi que parfois, concentrant toute sa puissance de vision sur la religion en tant que telle, Luther, dans sa hâte frémissante de posséder Dieu, passe par-dessus la loi pour aller tout droit à l’Évangile. Mais parfois au contraire, hanté du sentiment qu’une fausse certitude engendre les pires défaillances morales, il reproche à l’Église, avec véhémence, de laisser s’insinuer dans les actions qu’elle proclame méritoires, l’arrière-pensée égoïste et le calcul intéressé ; et alors, comme s’il ne se préoccupait plus que de morale, Luther laisse tomber momentanément ce souci passionné de religion qui, tout à l’heure, l’entraînait, le dominait, le possédait exclusivement...

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, page 39

[ portrait psychologique ]

 

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théologien protestant

[...] rien ne permet d’affirmer que Luther fut un moderniste avant la lettre, car il ne fut nullement mondain et ne cherchait à plaire à personne, ses innovations furent certes des plus audacieuses, [...] mais elles furent chrétiennes et rien d’autre ; elles ne devaient rien à aucune philosophie ni à aucun scientisme. Il refusait Rome, non parce qu’elle était trop spirituelle, mais au contraire parce qu’elle lui paraissait trop mondaine ; trop "selon la chair" et non "selon l’esprit", selon son optique particulière.

Le mystique de Wittenberg fut un Germain sémitisé par le Christianisme ; et il fut représentatif sous les deux rapports : foncièrement germain, il aimait ce qui est sincère et intérieur, non habile ni formalise ; sémite d’esprit, il n’admettait que la Révélation et la foi et ne voulait entendre parler ni d’Aristote ni des scolastiques. D’une part, il y avait dans sa nature quelque chose de robuste et de puissant (gewaltig), avec un complément de poésie et de douceur (Innigkeit) ; d’autre part, il fut un volontariste et un individualiste qui n’attendait rien ni de l’intellectualité ni de la métaphysique. [...]

Le message de Luther s’exprime substantiellement dans deux legs, qui témoignent de la personnalité de l’auteur et auxquels il est impossible de dénier la grandeur et l’efficacité : la Bible allemande et les cantiques. Sa traduction de l’Écriture, bien que conditionnée en quelques endroits par sa perspective doctrinale, est un joyau à la fois de langage et de piété ; pour ce qui est des cantiques, [...] [ils] sont devenus un élément fondamental du culte, et ils ont été pour l’Évangélisme un facteur puissant d’expansion.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Christianisme/Islam", éditions Archè Milano, 1981, pages 46-47

[ portrait psychologique ] [ réforme ]

 

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