ignorance
Dans la nature humaine il n’y a pas de loi, il n’y a pas de destinée, il n’y a pas de fatalité. Comment peut-il y avoir une loi dans l’infinité ? La liberté est sa devise. La liberté est sa nature et son héritage. Soyez libre et ayez alors autant de personnalités que vous voudrez. Alors nous jouerons comme l’acteur qui vient sur la scène jouer le rôle d’un mendiant. Comparez-le avec le vrai mendiant qui déambule dans la rue. La scène est peut-être la même dans les deux cas, les mots sont peut-être les mêmes, et pourtant quelle différence ! L’un jouit de la misère tandis que l’autre en souffre amèrement. Qu’est-ce qui fait la différence ? L’un est libre et l’autre ne l’est pas. L’acteur sait que son dénuement n’est pas réel et qu’il ne l’a assumé que pour le spectacle, tandis que le vrai mendiant y voit un état déjà trop familier qu’il doit supporter bon gré mal gré. Telle est la loi. Tant que nous n’avons aucune connaissance de notre nature réelle, nous sommes des mendiants, poussés de-ci de-là par toutes les forces de la nature et rendus esclaves de tout ce qui est dans la nature ; dans le monde entier nous crions au secours, mais le secours n’arrive jamais ; nous nous adressons à des êtres imaginaires et il ne vient pas davantage. Mais nous espérons toujours qu’il viendra, et ainsi une vie se passe à pleurer, à se lamenter, à espérer, et la même pièce se répète encore et toujours.
Auteur:
Vivekânanda Swâmi
Années: 1863 - 1902
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: patriote
Continent – Pays: Asie - Inde
Info:
Dans "Jnâna-Yoga", pages 319-320
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samsâra
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mâyâ
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identification
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philosophie antique
Un dernier point doit être souligné. Des personnages qui portent les figurines derrière le mur, seul peut parler celui qui est redescendu dans la Caverne. En effet, lors de l’ascension du prisonnier délivré montant vers le jour hors de la Caverne, il n’est jamais qu’ayant franchi le mur il se retourne pour voir les personnages qu’il cachait. S’il a vu les figurines, avec difficulté, et, plus difficilement encore, le feu derrière elles qui projette leurs ombres, il n’a pu, tendu tout entier vers le sommet sous la guidance de son initiateur, apercevoir les porteurs de statues, dont, curieusement, Platon ne parlera plus. Parvenu à la surface de la terre, il poursuit son "initiation à la lumière" jusqu’au moment où il peut fixer sa vue sur le soleil lui-même. Nous avons quitté le domaine de la parabole doctrinale pour entrer dans celui de la réalisation effective, nous élevant de hiérarchies intelligibles en hiérarchies intelligibles, où tout est baigné, indirectement d’abord (les ombres, les reflets, les réalités naturelles, la lune, les astres), directement enfin, dans la lumière du Bien. Ce n’est qu’au cours de la redescente et de sa rentrée dans la Caverne que le délivré, regardant vers le bas, dans la même direction que les prisonniers toujours enchaînés, pourra prendre connaissance des personnages derrière le mur. Qu’est-ce que cela signifie ?
Ces personnages, selon l’interprétation que nous avons esquissée, symbolisent les principes eidétiques (cachés dans la Nature divine) des paradigmes cosmiques à l’œuvre dans la construction du monde. Ils symbolisent les racines incréées des essences qui informent démiurgiquement les réalités sensibles. Autrement dit, ils symbolisent l’immanence du multiple dans l’Un, la multiplicité principielle des raisons ultimes de toutes choses. Ce que le mythe métaphysique de la Caverne nous enseigne, c’est que cette multiplicité ou "relativité suprême", qui est le "lieu" véritable des Idées pures, et qui donc peut être identifiée, à certains égards, au Verbe-Sagesse comme "lieu des possibles" ne peut être atteinte au cours de l’ascension spirituelle. Elle ne peut, en aucun cas, être prise comme objectif à atteindre pour une voie de connaissance, puisque, dans l’unité dynamique du mouvement ascensionnel, elle est invisible. Ce qui meut uniquement le prisonnier dans la conversion qui l’arrache à ses chaînes, c’est le désir de la lumière de l’Être, et non la connaissance du mystère de la multiplicité des choses, à laquelle, d’une certaine manière, il lui faut au contraire progressivement renoncer. La leçon spirituelle qui s’impose ici est d’une importance décisive et dirime entre les pseudo-gnoses passées, présentes et à venir, et la véritable voie de la connaissance. Le métaphysicien doit, lorsqu’il s’engage dans la voie de la réalisation, viser seulement l’Être absolu et inconditionné (le Soleil-Bien) et non la connaissance de la raison d’être du multiple. Une telle connaissance est cachée en Dieu même, elle est véritablement le secret de Dieu et de son irradiation créatrice, et tout homme qui se proposerait cette connaissance comme but ne pourrait tenter d’y atteindre qu’en arrêtant sa montée vers le Bien et en se détournant de la lumière du Principe. Il se perdrait alors irrémédiablement, s’imaginant avoir percé les secrets de la création et, en fait, définitivement prisonnier de l’illusion. C’est là, proprement, la voie de Lucifer.
Il y a, dans cette entreprise, quelque chose du demi-habile de Pascal, qui croit avoir saisi la "raison des effets", qui dénonce la comédie sociale ou le mensonge des formes cosmiques, qui ne voit partout qu’apparence et faux-semblants, et qui est alors véritablement enfermé dans l’illusion universelle, tandis que le "naïf", le prisonnier enchaîné, en percevant les ombres sur la paroi et en adhérant à la vérité de leur apparence, perçoit encore, ou déjà, quelque chose du modèle dont elles sont les projections. […]
Il nous semble qu’il y a là une illustration saisissante de la parole du Christ : "Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît". Cherchez d’abord le Dieu-Un et sa vérité, et le multiple qui lui est immanent vous sera donné par surcroît. Le regard du déliré parvenu au Royaume du Bien, quand il se tourne vers ceux d’en bas, épousant la direction même du regard divin sur les choses, n’est plus un regard suspicieux et dénonciateur, il ne poursuit plus la chasse aux simulacres : c’est un regard de compassion et un regard d’amour, car il y a une vérité de l’amour qui surpasse toute connaissance intellective ou, plutôt, qui accomplit en perfection l’espérance de toute connaissance. Le théâtre cosmique cesse alors d’être mensonger, il révèle sa véritable nature qui est l’irradiation mystérieuse de la Beauté divine.
Auteur:
Borella Jean
Années: 1930 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, théologien catholique
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Penser l'analogie, L'Harmattan, Paris, 2012, pages 187 à 189
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créé-incréé
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dialectique
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Eternel
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mâyâ
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interprétation
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