Il contempla tristement le ciel menaçant, les vestiges brûlés d'un été infesté de sauterelles, et vit soudain sur la branche d'un acacia, comme dans une vision, le progrès du printemps, de l'été, de l'automne et de l'hiver, comme si le temps tout entier n'était qu'un intermède frivole dans les espaces bien plus vastes de l'éternité, un brillant tour de passe-passe pour produire quelque chose d'apparemment ordonné à partir du chaos, pour établir un point de vue d'où le hasard pourrait commencer à ressembler à une nécessité... et il se vit cloué sur la croix de son propre berceau et de son cercueil, essayant péniblement d'arracher son corps, pour finalement se livrer - complètement nu, sans marque d'identification, dépouillé de l'essentiel - aux soins de ceux dont le devoir était de laver les cadavres, des gens obéissant à un ordre aboyé par temps sec, sur fond de bruits assourdissants provenant de tortionnaires et d'écorcheurs, où on se retrouvait obligé de considérer la condition humaine sans la moindre pitié, sans la moindre possibilité de retour à la vie, car il compris alors avec certitude qu'il avait passé toute sa vie à jouer avec des tricheurs qui avaient truqué les cartes et qui, à la fin, le dépouilleraient même de son dernier moyen de défense, cet espoir de retrouver un jour le chemin de sa maison.
Années: 1954 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Hongrie