société de contrôle
Il n'y a plus de censure d' "en haut" parce qu'il n'y a plus de "haut" d'où elle pourrait tomber. La censure d'aujourd'hui est autogérée, et pour ainsi dire spontanée. Le blâme, la remontrance, la réprimande, la stigmatisation, la surveillance idéologique, le contrôle, la vigilance, l'excommunication, la mise à l'index, les rappels à l'ordre sont devenus des occupations "citoyennes" essentielles et, d'une certaine façon, naturelles. La manie procédurière, l'accumulation des demandes de lois, le fanatisme de la législation représentent l'ensemble des nouvelles passions d'une humanité qui n'a plus d'enthousiasme que pour la délation, ni de frénésie que pour sataniser tout ce qui ne contribue pas, ou pas assez, à la merveilleuse évolution "dans le bon sens" du monde présent.
Les nouveaux censeurs sont les épurateurs d'une civilisation dont les mirifiques "avancées" ne doivent plus risquer d'être jamais critiquées.
Auteur:
Muray Philippe
Années: 1945 - 2006
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: essayiste et romancier
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 233
[
revers de la libéralisation des mœurs
]
[
retour du refoulé
]
[
structurel indépassable
]
[
autolimitation
]
médias
- Une radio libre ne doit dépendre ni de l'Etat, ni de la presse régionale, ni des notables, ni des puissances de l'argent ! Et le moyen de cette indépendance est la publicité.
- Pas du tout ! Une radio libre, un outil militant anticapitaliste, ne peut pas se plier aux lois de l'argent et par conséquent à la publicité.
- Mais alors, si vous n'avez ni activité commerciale, ni publicité, qui va financer vos radios ? L'Etat ? Les partis politiques ? Des financiers occultes ? Et dans ce cas, où est votre indépendance ?!
- Ce sont les auditeurs qui doivent financer leur radio !
C'est Mitterrand qui tranchera ce débat. Elu, le nouveau président tiendra sa promesse : les radios libres sont autorisées, de manière marginale au départ, avec une puissance limitée, sans publicité. Il voulait nous transformer en quelque chose de minuscule. Cependant, des centaines d'émetteurs fleurissent au lendemain de mai 1981. Mais c'était sans compter certains acteurs, comme NRJ, qui vont investir pour acheter des émetteurs plus puissants. Les socialistes vont progressivement jouer la carte de la libéralisation totale. Et les audacieux capitalistes, dont on vante tant aujourd'hui l'esprit d'entreprise, se sont engagés sur la bande FM quand les risques étaient moindres et que le business publicitaire a pu s'y déployer librement. Les radios commerciales ont complètement écrasé les radios qui avaient des volontés d'expression.
Auteur:
Laurent Galandon
Années: 1970 -
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: scénariste BD
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Interférences, p. 117-118
[
libéralisation
]
[
compétition
]