absurdité
Ni l’aspect spectaculaire de l’explosion de la mort dans l’univers de la Seconde Guerre mondiale ni la dissolution de l’identité consciente et du comportement rationnel échouant dans les manifestations asilaires de la psychose, elles aussi spectaculaires, ne sont en cause. Ce que ces spectacles monstrueux et douloureux mettent à mal, ce sont nos appareils de perception et de représentation. Nos moyens symboliques se trouvent évidés, quasi anéantis, pétrifiés. Au bord du silence émerge le mot "rien", défense pudique face à tant de désordre, interne et externe, incommensurablement. [...]
Une nouvelle rhétorique de l’apocalypse (étymologiquement, apocalypso signifie dé-monstration, dé-couvrement par le regard, et s’oppose à aletheia, le dévoilement philosophique de la vérité), est apparue nécessaire pour faire advenir la vision de ce rien cependant monstrueux, de cette monstruosité qui aveugle et impose le silence. Cette nouvelle rhétorique apocalyptique s’est réalisée en deux extrêmes apparemment opposés et qui, souvent, se complètent : la profusion des images et la rétention de la parole.
Auteur:
Kristeva Julia
Années: 1941 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: sémioticienne, philospohe et écrivain
Continent – Pays: Europe - France - Bulgarie
Info:
Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, page 231
[
irreprésentable
]
[
indicible
]
[
modernité
]
[
inhumain
]