Je suis arrivé dans la vie à l'indifférence complète. Que m'importe, pourvu que je fasse quelque chose le matin, et que je sois quelque part le soir!

Je rêve d’une vie paisible, écartée de tout ce qui m’égorge. M’extraire. La solitude pour survivre, je ne vois rien d’autre. Rompre tous les liens, cesser d’aimer, et surtout d’être aimée. Un leurre magnifique, l’amour, une stupéfiante machine à tuer issue des profondeurs de la création.

Je n’ai pas de visage. Je suis comme la mousse qui flotte sur l’eau, comme la lumière qui tremble et disparaît. Je suis une ombre, une ombre qui glisse le long des murs. Je n’ai pas de place dans le monde. Les autres ont des racines, ils s’accrochent à la terre, mais moi, je flotte, je dérive. Je suis une feuille morte emportée par le vent. Je suis une bulle qui éclate à la surface de l’eau. Je suis rien. Je suis personne.

Je ne suis pas bien portante, mon pauvre ami. [...] Ma tête ne va pas mieux, je me fatigue à travailler, même seulement à lire, avec une extrême rapidité. [...] Je suis tourmentée d’une perpétuelle et maladive inquiétude. Si je prends le train, je regrette de n’avoir pas choisi au contraire l’omnibus pour me rendre à destination. Si je me décide pour une promenade, je souffre de n’en pas faire une autre. Après quelques instants passés dans un endroit je veux être dans un autre et ainsi de suite. Joins à cela de terribles maux d’estomac [...].