enthousiasme réversible
Voilà un curieux sujet d'observation et de réflexion, même si tout au fond la haine et l'amour ne sont pas identiques. Chacun, dans son épanouissement le plus poussé, suppose un degré élevé d'intimité et de connaissance du coeur ; tout ceci rendant tel individu dépendant d'un autre quant à ses affections et sa vie spirituelle ; chacun quitte l'amant passionné, ou le contempteur frénétique, désespéré et désolé par le retrait de son objet.
Auteur:
Hawthorne Nathaniel
Années: 1804 - 1864
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
The Scarlet Letter
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binaire
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amour-haine
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rapports humains
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proximité
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interdépendance
L’ego, qui requiert un objet pour être sujet, ne peut parfaire sa réalisation dans ou à travers un objet. Une telle réalisation, bien qu’indéniable, est cependant transitoire, limitée, entachée. En dépit de la richesse authentique de sa subjectivité créatrice, de la réelle abondance des composantes de sa vie, de la vraie grandeur de ses prouesses, de ses succès, l’ego en tant qu’ego reste amoindri, incomplet. Incapable de subsister par lui-même, en lui-même et tourmenté par le sentiment de sa propre indignité, culpabilité ou péché, il aboutit à la mélancolie et connaît des moments décourageants de solitude, de frustration, de désespoir.
Auteur:
De Martino Richard
Années: 1922 - 2013
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: professeur de religion
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "Bouddhisme Zen et psychanalyse", page 166
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insatisfaction
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ambivalence
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amour-haine
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couple
Un jour un de mes vieux copains de picole est revenu d'une beuverie de deux semaines avec une rose tatouée sur le bras. Autour de la fleur était écrit "nique les toutes et dors jusqu'à midi". Sa femme l'a fait enlever chirurgicalement, mais elle détestait encore plus la cicatrice. Chaque fois qu'il la touchait, il souriait. Quelques années plus tard, elle a tenté de faire disparaitre son rictus à l'aide d'une bouteille de vin mais n'a fait que lui arracher quelques dents, ce qui a rendu le rictus encore plus narquois. Ce que je ne comprends pas, en fait, c'est qu'ils sont toujours mariés. Il sourit toujours et elle déteste toujours ça.
Auteur:
Crumley James
Années: 1939 - 2008
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
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amour-haine
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poivrots
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ambivalence
Mais je tourmentais surtout maman, c'était elle surtout qui m'irritait. J'avais été pris d'un appétit féroce et je grognais fort que mon repas était toujours en retard (ce qui n'arrivait jamais). Maman ne savait qu'imaginer pour moi plaire. Une fois, elle m'apporta de la soupe et, à son habitude, me la fit manger elle-même : moi, je grognais tout en l'avalant. Tout d'un coup, je fus honteux de grogner : "Elle est peut-être la seule que j'aime, et c'est elle que je tourmente !" Mais ma méchanceté ne passait pas et tout à coup cette méchanceté me fit fondre en larmes. Elle, la pauvrette, se figura que je pleurais d'attendrissement ; elle se pencha sur moi et m'embrassa longuement. Je me raidis, je laissai passer l'orage, mas en réalité, à cette minute-là, je la détestais. Pourtant, j'ai toujours aimé maman, alors aussi je l'aimai, ce n'est pas vrai que je la détestais, seulement il se passait ce qui arrive toujours : le plus aimé est le premier offensé.
Auteur:
Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch
Années: 1821 - 1881
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Russie
Info:
"L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 378
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mère-par-fils
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amour-haine
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mère-fils
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fils-mère
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rabaissement verbal
Exercice d'endurcissement de l'esprit.
Grand-mère nous dit :
- Fils de chienne !
Les gens nous disent :
- Fils de Sorcière ! Fils de pute !
D'autres disent :
- Imbéciles ! Voyous ! Morveux ! Ânes ! Gorets ! Pourceaux ! Canailles ! Charognes ! Petits merdeux ! Gibier de potence ! Graines d'assassin !
Quand nous entendons ces mots, notre visage devient rouge, nos oreilles bourdonnent, nos yeux piquent, nos genoux tremblent.
Nous ne voulons plus rougir ni trembler, nous voulons nous habituer aux injures, aux mots qui blessent.
Nous nous installons à la table de la cuisine l'un en face de l'autre et, en nous regardant dans les yeux, nous disons des mots de plus en plus atroces.
L'un :
- Fumier ! Trou du cul !
L'autre :
- Enculé ! Salopard !
Nous continuons ainsi jusqu'à ce que les mots n'entrent plus dans notre cerveau, n'entrent même plus dans nos oreilles.
Nous nous exerçons de cette façon une demi-heure environ par jour, puis nous allons nous promener dans les rues.
Nous nous arrangeons pour que les gens nous insultent, et nous constatons qu'enfin nous réussissons à rester indifférents.
Mais il y a les mots anciens.
Notre Mère nous disait :
-Mes chéris ! Mes amours ! Mon bonheur ! Mes petits bébés adorés !
Quand nous nous rappelons ces mots, nos yeux se remplissent de larmes.
Ces mots, nous devons les oublier, parce que, à présent, personne ne nous dit des mots semblables et parce que le souvenir que nous en avons est une charge trop lourde à porter.
Alors, nous recommençons notre exercice d'une autre façon.
Nous disons :
- Mes chéris ! Mes amours ! Je vous aime... Je ne vous quitterai jamais... Je n'aimerai que vous... Toujours... Vous êtes toute ma vie...
À force d'être répétés, les mots perdent peu à peu leur signification et la douleur qu'ils portent en eux s'atténue.
Auteur:
Kristof Agota
Années: 1935 - 2001
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: écrivaine
Continent – Pays: Hongrie - Suisse
Info:
Le grand cahier, éditions du Seuil, 1986, pages 24-25
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résistance
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amour-haine
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déréalisation
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