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lecture

Bien qu'[Abraham Lincoln] n'ait jamais voyagé en Europe, il a accompagné les rois de Shakespeare en mer anglaise ; il a lu la poésie de Lord Byron en Espagne et au Portugal. La littérature lui a permis de transcender son environnement.

Auteur: Kearns Goodwin Doris

Info:

[ homme politique ] [ expérience ] [ seconde main ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

Lorsque quelqu'un me dit que lui ai fait du mal, je n'ai pas le droit de décider que ce n'est pas vrai. Mais lorsque quelqu'un me dit que j'ai blessé ou incommodé une autre personne j'en tiens compte, mais j'ai plus facilement des doutes.

Auteur: Mg

Info: 30 mai 2018

[ seconde main ]

 

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écriture

Berlioz n'a jamais voyagé en Orient, mais était, depuis ses vingt-cinq ans, fasciné par Les Orientales d'Hugo. Il y aurait donc un Orient second, celui de Goethe ou d'Hugo, qui ne connaissent ni les langues orientales, ni les pays où on les parle, mais s'appuient sur les travaux des orientalistes et voyageurs comme Hammer-Purgstall, et même un Orient troisième, un Tiers-Orient, celui de Berlioz ou de Wagner, qui se nourrit de ces œuvres elles-mêmes indirectes. Le Tiers-Orient, voilà une notion à développer.

Auteur: Enard Mathias

Info: Boussole

[ seconde main ]

 

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écriture

Ma résolution de devenir écrivain s'affermit en lisant les grands auteurs – Flaubert, Dostoïevski, Shakespeare – l'un après l'autre. Mais je commençais à ressentir profondément ma différence. Auparavant, j'étais une Vietnamienne qui parlait mal ma langue et avait la tête farcie de culture française. Maintenant, j'étais une étrangère qui aspirait à écrire aussi bien que l'indigène. Il y avait en moi une fêlure que j'essayais de comprendre en me tournant vers les écrivains qui ont trahi leur langue natale : Conrad le Polonais écrivant en anglais, Cioran le Roumain et Beckett l'Irlandais écrivant en français. Chacun, en investissant la langue qu'il a choisie, m'apparaissait à la fois comme un voleur et un donateur.

Auteur: Lê Linda

Info: Le complexe de Caliban, p. 41

[ décentrage ] [ seconde main ] [ deuxième langue ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

réalité

Le plus grand mérite de Kant c'est d'avoir distingué le phénomène de la chose en soi. Pour arriver à cette distinction, il s'est appuyé sur la remarque suivante, à savoir qu'entre les choses et nous, il y a toujours l'entendement qui les empêche d'être connues telles qu'elles peuvent être en soi. Il avait été mis sur cette voie par Locke. Locke avait remarqué que les qualités secondaires des choses, telle que le son, l'odeur, la couleur, la dureté, la mollesse, le poli, etc., n'ont d'autre fondement que les affections des sens, et que par suite elles n'appartiennent point aux corps objectifs, à la chose en soi ; à ces derniers il réservait au contraire les qualités primaires, c'est-à-dire celles qui ne supposent que l'espace et l'impénétrabilité, tel que l'étendue, la forme, la solidité, le nombre, la mobilité.

Auteur: Schopenhauer Arthur

Info: Le monde comme volonté et comme représentation T02

[ réverbérations anthropomorphiques ] [ cognition ] [ de seconde main ] [ priméité ]

 
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secondéités - priméité

Les partisans d'un matérialisme émergeant fort soulignent les différences fondamentales entre réalité psychologique subjective et  réalité physique (ou neuronale) objective. La première comprend des expériences qualitatives qui sont ressenties/perçues comme formant un tout qui n'existe que du point de vue de la première personne ; la seconde consiste en des entités physiques et des mécanismes de causalité qui n'impliquent rien de subjectif ou de qualitatif et qui existent du point de vue de la troisième personne ou objectivement. Rien de ce que nous pouvons penser ou imaginer ne sera capable de faire qu'un processus réel objectif se transforme en, ou "génère", des "sensations" subjectives et/ou qualitatives. C'est comme essayer d'extraire du vin à partir de l'eau pure : ça n'existe simplement pas, et aucun mécanisme naturel (à part la magie) ne pourra transformer le premier à partir du second.

Auteur: Revonsuo Antti

Info: Consciousness: The Science of Subjectivity. Hove: Psychology Press, 2010, p. 30 In Phenomenal Consciousness and Emergence: Eliminating the Explanatory Gap de Todd E. Feinberg and Jon Mallatt

[ tiercités limitées ] [ langage seconde main ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mémorialiste

J'écris les guerres d'Alexandre sur les Mémoires de Ptolémée et d'Aristobule : unanime, leur témoignage me présente le caractère de la vérité ; opposé, je le discute, et n'admets que les faits dignes de foi, dignes de l'histoire. D'autres ont rapporté d'autres gestes du fils de Philippe ; car nul n'occupa des écrivains plus nombreux et plus divisés. Ptolémée et Aristobule m'ont paru mériter le plus de créance ; Aristobule ne quitta point le prince durant cette expédition Ptolémée fut son compagnon d'armes ; et roi, il se fut plus avili qu'un autre par le mensonge ; tous deux enfin n'écrivirent qu'après la mort du conquérant, affranchis de cette contrainte et de cet intérêt qui auraient pu leur faire trahir la vérité. Quelques auteurs ont rassemblé des traits qui méritent, d'être cités, et que je n'ai pas jugé incroyables pour n'appartenir qu'au seul Alexandre ; je les ai recueillis. La surprise de voir un nouvel historien succéder à tant d'autres, cessera peut-être en comparant leurs écrits au sien.

Auteur: Arrien Lucius Flavius Arrianus

Info: Expéditions d'Alexandre, introduction

[ seconde main ]

 

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écriture

Ecrire c'est l'ouverture. Un vrai francophone comme moi peut ainsi s'y perdre avec délice, de manière plus superficielle et libre que ces écrivains au français de seconde main, c'est à dire ceux dont ce n'est pas la langue maternelle, qui ainsi, en utilisant l'idiome de manière plus simple et directe, le solidifient, le confortent et, d'une certaine manière, le recréent. Cioran, Makine, Dimitrievitch, Kundera, Nancy Huston, viennent à l'esprit...  Ou pour l'anglais quelqu'un comme Elif Batuman...

Ce mécanisme fonctionne pour toutes les langues dominantes, elles ont besoin de ces gens du dehors, étrangers qui font si peur, mais qui consolident nos langues refuges. Ils nous rassurent.

Un gars dans mon genre, nés dans l'idiome, est un peu plus perverti par les complexifications, jeux de mots, quêtes d'holographes ou autres néologismes... jusqu'à parfois se perdre, bref toutes tentatives d'"ouvrir" un biotope mental qui donne parfois la fausse impression d'avoir des limites. D'où ma dilection pour la quête et la compilation des choses amusantes d'une langue qui se trouve présenter un univers bien plus vaste que celui de mon métier principal : la musique.

Auteur: Mg

Info: 1 juillet 2012

[ ouverture ] [ seconde langue ] [ deuxième main ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ recentrage ]

 

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condition tragique

Nous vivons de plus en plus séparés du milieu naturel (que nous cherchons éperdument à retrouver en vacances) et voici que perdant contact avec cette réalité, qui fut réalité substantielle de notre vie, nous avons le plus extrême besoin d’une autre réalité. Vivant dans un nouveau milieu abstrait, théorique, non correspondant à notre tradition, un milieu non vivant, où l’homme se trouve seul vivant, il ne peut encore concevoir ce milieu technicien comme la réalité. L’homme moderne vit alors dans un refuge vers le naturel, une fiction : nous sommes toujours dans la nature. Et il a le plus grand mal à se concevoir comme l’homme exclu de la nature (ou la Nature exclue !) entré dans un autre univers. Fiction d’être toujours, comme toujours, dans un monde d’eaux, de vents, d’arbres et d’animaux. Cependant que l’univers réel dans lequel il se trouve lui paraît non réel. Le béton, l’auto, l’acier, l’asphalte, ce sont des accidents. Or, au moment même où nous nous enferrons dans cette double fiction, dans ce refus du réel, voici que nous sommes justement obsédés par le réel et le concret. Seule nous intéresse l’action sur la réalité, balayées les idées et les pensées, le concret seul...celui de l’argent, de la machine, du métier... Le concret compte seul dans notre conviction et dans notre choix de vie. Étonnante contradiction. Et voici alors que l’image miséricordieuse vient tout résoudre. L’image coïncide avec la réalité. Et nous sommes épanouis de retrouver constamment la nature en images. Nous sommes de nouveau chez nous, par ces majestueuses photos d’océan, par ces habiles films sur les animaux, au téléobjectif. Jamais nous n’avions si bien connu cette nature. Si bien vu. Et grâce à ces images nous respirons l’air du large et des hautes cimes. En même temps que l’image nous rend l’univers technicien dans sa réalité hypostasiée. Le monde mécanique qui souvent nous gêne et nous trouble devient magiquement présent, dans sa familiarité. Mais familiarité montrée, ce qui veut dire rendue majestueuse, noble, éminente : digne d’être montrée, digne d’admiration. Mirari ­– mirage. L’image mirage réconcilie les contradictions, rend de nouveau la nature présente et réelle, rend le milieu technicien familier et admirable, et comble notre soif de concret, de réel.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 324-325

[ illusion ] [ réconciliation ] [ technique ] [ réalité de seconde main ] [ remède-poison ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson