Car nous méritons de mourir, et c’est là une pensée proprement évangélique. Une pensée qui rend Dieu à nouveau possible. Ne pouvoir se passer de Dieu et être incapable d’y croire a quelque chose d’atroce. Et chacun sait ce qu’est la vie. Chacun soupçonne à quel point elle peut être pire. Ce qui rend, en un sens, la croyance en Dieu héroïque – ou seulement stupide. Concilier la bonté de Dieu, Sa puissance et l’état du monde fut pendant des siècles une entreprise jugée honorable que notre monde de surhommes a tournée en ridicule de manière injuste. Bien sûr, il y avait beaucoup de ridicule là-dedans, mais pas du genre qu’on croit. Ce qui l’était, c’était de penser que, si Dieu existe, Son œuvre doive être justifiée. Car Sa seule existence justifie tout, le mal, les tortures, les enfants morts-nés, les meurtres et l’ennui. Tout cela est purement et simplement effacé. Si Dieu est, les peines de l’enfer sont justifiées sans qu’il y ait besoin d’un seul argument et les damnés eux-mêmes, comprenant le sens de leur châtiment, le réduisent à rien. Ce n’est rien de brûler pour toujours si l’on comprend le sens et la nécessité ou même si, sans rien comprendre du tout, on sait que quelqu’un le comprend pour nous, si l’on sait qu’existe, en dehors de notre esprit limité, le point de vue de Dieu, en qui sont conciliées la cruauté impitoyable et la bonté parfaite. Le point de vue de Dieu n’a pas besoin d’être pertinent ou sublime ; il suffit qu’il soit multiple et infini. Le seul problème est d’avoir la force de croire car seule la foi, comme l’affirment les Ecritures, sauve.
Années: 1966 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: enseignant
Continent – Pays: Europe - France