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spiritualité

La découverte du sacré ne peut se faire qu'après avoir transcendé nos limitations de toutes natures. Cet éveil de notre globalité constitue la dimension la plus importante de l'évolution humaine. Ce nouveau paradigme n'est pas un credo, mais l'éveil d'une sensibilité nouvelle, alignée tant sur l'essentiel des enseignements mystiques traditionnels des grandes religions du monde que sur les visions les plus avancées de la physique actuelle.

Auteur: Drouot Patrick

Info: Nous sommes tous immortels, p 282

[ évolution ] [ dépassement ] [ palier conceptuel ]

 

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au-delà

Platon  a dit que quelle que soit l'approche rationnelle d'une vie après la mort, il y a toujours 2 facteurs très important dont il faut toujours tenir compte

1)  La notion est si obscure qu'elle doit toujours être narrée pour être abordée... D'ailleurs les récits d'ÊMI d'alors sont similaires aux notres. Et même si nous avons un million d'histoire, ça ne nous permet pas de prouver tout ça...

2) Qu'il nous manque une approche conceptuelle nouvelle pour ça. Bref dans le monde moderne la notion de l'après vie ne fait pas partie du monde scientifique, nous avons donc besoin de nouveaux concepts et explorateurs. David Hume l'a formulé ainsi : A la lumière de la raison il semble difficile de prouver la continuité de l'âme et son immortalité, une nouvelle sorte de logique est nécessaire et peut-être aussi quelques nouvelles faculté du mental, qui pourraient nous permettre d'aborder pareille logique. 

Nous en somme là, notre approche actuelle est insuffisante pour aborder la notion de l'après-vie. Notre logique a peut-être trop servi depuis 2300 ans et nous avons quand même l'impression que notre mental fonctionne suffisamment bien pour développer de nouvelles approches. 

Ce n'est pas une impasse, nous pouvons avancer dans cette direction. D'ailleurs si on y réfléchi "logique de choses incompréhensibles" est de fait contradictoire dans les termes. Par contre si nous utilisons les mots comme "après-vie" nous comprenons ce que nous disons. D'ailleurs vie après la mort est une contradiction aussi. Et, aussi attirante que soit cette idée de vie après, elle n'a aucun impact, ni n'a la même logique qui sous-tend notre vie incarnée. Telle est la raison qui me fait m'intéresser toujours plus à la philosophie du langage. Est-ce qu'il peut y avoir une logique de l'intelligible ? Ma réponse est oui, il est possible de raisonner logiquement à propos de choses qui n'ont pas de sens. 

Je suppose que quelqu'un équipé d'une appétence pour l'inintelligible et donc habitué au non-rationnele sera susceptible d'avancer dans cette direction.

Un artiste américain a participé a un séminaire ou j'abordai ceci. Il m'a appelé de longs mois plus tard pour me parler de ses NDE, après de grandes souffrances, gangrène et amputation, énormes fièvres, 60 jours entre la vie est la mort, etc.

Sa voix était faible, du à la maladie, puis j'ai remarqué un changement dans l'énergie lorsqu'il m'a dit, incidemment : - Raymond, quand j'étais en E.M.I, mon esprit est revenu sur ce concept de nonsense dont tu as parlé et j'ai réalisé que tu avais raison. Il faut prendre en compte l'inintelligibilité dont tu parlais.

Auteur: Moody Raymond A

Info: Fin de sa conférence, 4 février 2017, Paris

[ mort imminente ] [ dépassement conceptuel ]

 
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ordre sous-jacent

La logique qui doit sous-tendre une nouvelle physique

La philosophe Karen Crowther étudie comment le tissu espace-temps pourrait émerger de quelque chose de non spatio-temporel.

La recherche de la théorie quantique de la gravité " soulève cette question ", explique Karen Crowther :  " Comment passe-t-on de cette théorie plus fondamentale à l’espace-temps ? "

Ce fut déjà un changement radical, au siècle dernier, de passer de l'espace absolu et du temps universel d'Isaac Newton à l'espace-temps à quatre dimensions d'Albert Einstein, dynamique, flexible, sensible au toucher. La théorie de la relativité générale d'Einstein a montré que la masse et l'énergie déforment la géométrie de l'espace-temps, dessinant d'étranges contours pour l'univers,  soudain devenu un lieu qui peut commencer ou finir.

Les physiciens avaient à peine commencé à comprendre ce changement qu’ils se rendirent compte que la relativité générale contenait les germes de sa propre disparition. La déformation pouvait devenir pathologique, l’espace-temps se courbant sur lui-même jusqu’à se déchirer, créant une brèche appelée singularité. Personne ne pouvait dire si les singularités étaient des déchirures dans l’univers ou des déchirures dans la théorie. Quoi qu’il en soit, l’espace-temps tel que décrit par la relativité générale ne pouvait être l’ingrédient ultime de la réalité. Et en effet, la relativité générale est en conflit avec l’autre théorie profondément réussie du XXe siècle, la mécanique quantique. Les physiciens se sont donc mis en quête d’une théorie plus profonde – une théorie de la gravité quantique – qui pourrait potentiellement décrire le monde au-delà de l’espace et du temps.

Ils sont toujours en quête de cette théorie, mais même s'ils parviennent à la trouver ils auront encore besoin d'autre chose : un pont vers l'espace-temps tel que nous le connaissons. Nous avons besoin non seulement d'une théorie de la gravité quantique, mais aussi d'une théorie de la façon dont la relativité générale en émerge. Avec un pied dans l'espace-temps et l'autre à l'extérieur, à quoi pourrait bien ressembler ce pont ?

Karen Crowther est une philosophe australienne de la physique à l'Université d'Oslo en Norvège. Auteure du manuel Effective Spacetime: Understanding Emergence in Effective Field Theory and Quantum Gravity ( 2016 ), elle fait partie d'une communauté de philosophes qui étudient l'espace-temps émergent et toutes les façons dont ce double concept remet en question nos modes de pensée habituels. Comment, demande-t-elle, pouvons-nous concevoir les lois de la physique, la causalité ou même l'univers sans espace-temps ? Et comment construire un pont vers l'espace-temps lorsque le pont lui-même ne peut pas y vivre

Quanta a interviewé Crowther quant à ce que signifie penser en dehors du cadre spatio-temporel. L'interview est ici condensée et éditée pour plus de clarté.

En quoi la recherche d’une théorie de la gravité quantique est-elle différente de la science normale ?

- En général, lorsque nous cherchons une nouvelle théorie, nous sommes motivés par une sorte de préoccupation empirique. Nous avons vu quelque chose dans le monde qui ne correspond pas à ce que prédisent nos théories, ou la théorie prédit quelque chose que nous n’observons pas dans le monde. Dans le cas de la gravité quantique, ce n’est pas le cas. Il s’agit plutôt d’une question de cohérence ou d’unification théorique. Nous avons ces deux visions contradictoires : la théorie quantique et la relativité générale. Elles disent des choses différentes sur le monde. Nous voulons donc une certaine cohérence. Mais les endroits [comme l’intérieur des trous noirs ou le Big Bang] où  mettre les deux théories ensemble sont des lieux que nous ne pouvons pas tester directement ou auxquels nous ne pouvons pas accéder. Peut-être pas maintenant, peut-être jamais.

(photo : Crowther donne une conférence intitulée " Pensez par vous-même ! " dans l'auditorium Arne Næss de l'université d'Oslo.)

Pourquoi les singularités de la relativité générale impliquent-elles que l’espace-temps ne peut pas être la réalité ultime ?

Nous tendons à considérer ces singularités comme un " trou ", un orifice vide,  ou un " point manquant " de l'espace-temps. Mais ce n'est pas vraiment le cas, car où se situerait pareil vide ? Par définition, il ne se trouve nulle part dans l'espace-temps. Alors, où donc la relativité générale s'effondre-t-elle exactement ? Il n'est pas vraiment possible de répondre à cette question, puisque nous parlons de la rupture de l'espace-temps lui-même.

Un certain genre de singularité sera par exemple une  trajectoire dans l'espace-temps qui tout simplement se termine, ce qui signifie que les objets qui suivent pareille trajectoire peuvent entrer et sortir de l'existence de manière aléatoire. Les singularités introduisent l'imprévisibilité et l'indéterminisme. Voilà qui pourrait indiquer que la relativité générale est incomplète et qu'une théorie de la gravité quantique doit la remplacer.

Ensuite, nous avons les singularités de courbure, qui correspondent à peu près à l'idée d'une courbure de l'espace-temps qui " explose ", qui augmente sans limite. Elles sont également assez inquiétantes, car elles signifieraient qu'existent des forces de marée illimitées capables de tout mettre en lambeaux. Le consensus parmi les physiciens est que ces singularités ne sont que des problèmes de théorie.

L'idée est que l'espace-temps émerge d'une théorie plus profonde. D'un point de vue philosophique, comment expliquer que l'espace-temps est émergent ?

- Cela signifie qu'il y a quelque chose de plus fondamental, et que l'espace-temps n'existe à notre niveau que comme un genre  d'approximation.

Il existe une idée selon laquelle toutes les explications pointent vers l'infiniment petit. Les petites choses sont plus fondamentales que les grandes, les atomes et les particules quantiques sont plus fondamentaux que les tables et les chaises.

Mais si nous pensons que la gravité quantique décrit une physique non spatio-temporelle, nous ne pouvons plus parler d'échelles de longueur. L'idée même de mesure s'effondre.  La gravité quantique ne peut donc pas être plus fondamentale simplement parce qu'elle décrit des phénomènes plus petits ; elle doit être plus fondamentale parce qu'elle décrit des phénomènes plus nombreux. (Et élargir le cadre ? note de MG).

On craint, comme le dit le philosophe Tim Maudlin , que toute théorie qui ne prend pas en compte l'espace-temps soit empiriquement incohérente. Lorsque nous testons nos théories, nous faisons des expériences dans l'espace et le temps ; nous observons les valeurs d'un cadran, qui est un point spatio-temporel, la position de l'aiguille à un moment donné. Donc, si nous avons une théorie sans espace-temps - qui ne contient pas de choses détectables localement, comment pouvons-nous la tester ?

Le moyen de résoudre ce problème serait alors de récupérer, ou de dériver, l'espace-temps à partir d'un processus-théorie non spatio-temporel. Ici l'émergence est nécessaire pour faire ce lien.

- Comment cela pourrait-il fonctionner ?

- On peut par exemple considérer l’émergence comme une hiérarchie de niveaux. Si on pense aux vagues, à un niveau, il y a des molécules, puis lorsque on en rassemble un grand nombre et qu'on zoome vers une énergie plus faible ou des distances plus grandes, se dessine alors le phénomène émergent de la vague. Dans un cadre spatio-temporel, l’espace-temps serait l'émersion du comportement collectif de ses éléments constitutifs les plus fondamentaux, de " ses atomes " peut-être. Le problème étant que nous sommes réduits à définir l’idée de niveaux en termes de longueurs spatiales.

Une autre idée est celle de l’émergence de quelque chose d'antérieur – par exemple, un papillon émergeant d’une chenille ou d’une chrysalide. Il subit une transformation complète. Ce serait comme parler du Big Bang avant l’apparition de l’espace-temps.

Le véritable défi en matière d'émergence consiste donc à donner sens à la relation entre ce qui émerge et d'où celà émerge. Sans ce lien, pas d'émergence. Et ce lien lui-même ne peut être spatial ou temporel.

- Nos idées habituelles sur l'émergence intègrent déjà l'espace et le temps, et nous avons maintenant besoin d'une nouvelle façon de les appréhender. À quoi cela pourrait-il ressembler ?

- J'aime comprendre cela sous forme de trois caractéristiques : la dépendance, la nouveauté et l'autonomie. La physique moins fondamentale dépend d'une certaine manière d'une physique plus fondamentale – l'espace-temps résultant de la physique de la gravité quantique. Cela serait démontré si la relativité générale pouvait être déduite de la gravité quantique. Mais l'espace-temps et son comportement sont très différents de la physique de la gravité quantique sous-jacente, il y a donc un élément de nouveauté – par exemple, si la physique sous-jacente n'est pas spatio-temporelle. Et enfin, le comportement de l'espace-temps semble également quelque peu autonome, ou indépendant, de la physique gravitationnelle quantique particulière dont il émerge.

- La physique de la gravité quantique suggère-t-elle que l’espace et le temps ne sont peut-être que des concepts que nous utilisons et non la matière même du monde ?

- Il y a cette idée [ du philosophe du XVIIIe siècle Emmanuel Kant ] selon laquelle nous devons imposer des concepts spatiotemporels au monde, car nous pensons nécessairement en termes d'espace et de temps, et il nous est très, très difficile de travailler sans ces concepts. Toute la physique connue les utilise. Alors comment conceptualisons-nous ce que nous faisons avec la gravité quantique ? Nous dessinons ces diagrammes dans [ nos théories de la gravité quantique ]. Mais en dessinant ces choses, nous les représentons spatio-temporellement, car nous ne savons pas faire autrement... alors qu'on ne peut pas les considérer comme étant réellement quelque part.  Alors se pose la question : qu'en est-il de la physique ? Que faisons-nous ? Avons-nous repoussé les limites de ce que nous sommes capables de faire ?

Kant pensait que l'espace était si fondamental que nous ne pouvions pas nous en passer. Il considérait la géométrie comme euclidienne ; il ne pouvait rien imaginer d'autre. [ Note de l'éditeur : l'espace euclidien est plat, ce qui signifie que la somme des angles intérieurs d'un triangle est égale à 180 degrés ].  Et cela s'est avéré faux : la théorie d'Einstein a révélé que nous pouvons avoir différentes géométries déformées. Ce qui indique que même si nous pensons qu'il existe des concepts que nous devons nécessairement utiliser, il pourrait en exister d'autres.

(photo : Karen Crowther attend le bus en route vers l'université.) 

- Y a-t-il une approche que vous trouvez la plus prometteuse ou la plus intéressante sur le plan philosophique ?

- La théorie des cordes est très intéressante en raison de l'idée de dualité. Différentes formes de théorie des cordes décrivent des structures d'espace-temps très différentes, avec des dimensions variables, et pourtant elles s'équivalentes les unes aux autres. On ne peut pas dire laquelle est la plus émergente. Il me semble donc qu'il faut pointer vers quelque chose de plus profond.

- Sans preuve empirique, voire même sans possibilité de preuve, les chercheurs en gravitation quantique semblent accorder plus de poids que d’habitude aux principes, aux expériences de pensée, voire à des qualités comme la simplicité et l’élégance. Comment ces critères se situent-ils par rapport à l’histoire des sciences ? S’agit-il encore de science ?

- Je m’intéresse aux principes de base que les gens appliquent et aussi ce qu'on peut attendre d'une théorie de la gravité quantique. Tous ces principes ou contraintes ne s'accordent pas bien entre eux. Il se peut donc que nous devions en abandonner ou en modifier certains. Je me suis récemment demandée quelle serait la contrainte la plus fondamentale de la gravité quantique. Je pense que c'est quelque chose qui touche à la cohérence. Nous essayons d'unifier la relativité générale avec la mécanique quantique pour obtenir une image cohérente de l'univers. Nous voulons que les mathématiques soient également cohérentes.  Lorsque nous sommes à la recherche de nouvelles théories, la physique devient toujours philosophique.*

Auteur: Internet

Info: https://www.quantamagazine.org/. Amanda Gefter, 25 septembre 2024. Traduction Mg et quques AIs. *et pourquoi pas spirituel ? ajout de Mg

[ langage limitant ] [ atemporalité ] [ niveau vibratoire ? ] [ dépassement conceptuel ]

 

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exobiologie

Les extraterrestres sont-ils là sous nos yeux ?

Difficile de détecter quelque chose sans avoir aucune idée de ce que c'est.

Cette année, plusieurs missions sont en quête de vie sur la planète rouge. Mais reconnaîtrions-nous des extraterrestres si nous les trouvions ? En juillet, trois missions non habitées se sont envolées vers Mars : de Chine (Tianwen-1), depuis les États-Unis (Mars 2020 Perseverance Rover de la Nasa) et des Émirats arabes unis (Hope). Les missions chinoise et américaine sont équipées d'atterrisseurs qui rechercheront des signes de vie actuelle ou passée sur Mars. La Nasa prévoit également d'envoyer sa sonde Europa Clipper sur la lune de Jupiter, Europa, et l'atterrisseur robotisé Dragonfly sur la lune de Saturne, Titan. Ces deux lunes sont considérées comme des terrains de chasse prometteurs pour la vie dans notre système solaire, tout comme les océans souterrains d'Encelade, la lune glacée de Saturne.

En attendant, nous pouvons désormais entrevoir la composition chimique des atmosphères des planètes qui orbitent autour d'autres étoiles (exoplanètes), dont plus de 4 000 sont aujourd'hui connues. Certains espèrent que ces études pourraient révéler d'éventuelles signatures de vie.

Mais ces recherches peuvent-elles être efficaces si nous n'avons pas une idée claire de ce qu'est la "vie" ? La définition officieuse de la Nasa est la suivante : "système chimique autonome capable d'évolution darwinienne". "La Nasa a besoin d'une définition de la vie pour savoir comment construire des détecteurs et quels types d'instruments utiliser lors de ses missions", explique le zoologiste Arik Kershenbaum, de l'université de Cambridge. Mais tout le monde ne pense pas qu'elle utilise la bonne définition.

L'astrobiologiste Lynn Rothschild, du centre de recherche Ames de la Nasa en Californie, voit une mise en garde dans l'histoire de Winnie l'ourson d'AA Milne, dans laquelle Pooh et Piglet chassent un Woozle sans savoir à quoi il ressemble et confondent leurs propres empreintes avec ses traces. "On ne peut chasser quelque chose sans avoir aucune idée de ce que c'est", dit-elle.

Le problème de la définition de la vie hante les planétologues depuis que les deux atterrisseurs Viking de la Nasa se sont posés sur Mars en 1976. Depuis, les rovers ont parcouru des dizaines de kilomètres sur les plaines martiennes mais n'ont trouvé aucun signe de vie. Mais saurions-nous la reconnaître si nous la voyions ?

Certains astrobiologistes - scientifiques qui étudient la possibilité de vie sur d'autres mondes - pensent que notre vision est trop étroite. Nous ne connaissons qu'un seul type de vie : la vie terrestre. Tous les êtres vivants sur Terre sont constitués de cellules adaptées à un environnement aquatique, utilisant une machinerie moléculaire construite à partir de protéines et codée sous forme de gènes dans l'ADN. Peu de scientifiques pensent que la vie extraterrestre - si tant est qu'elle existe - repose sur les mêmes éléments chimiques. "Il serait erroné de supposer que la biochimie qui nous est familière est celle que nous allons trouver sur d'autres planètes", déclare Kershenbaum. La surface de Titan, par exemple, est trop froide (moins 179 °C) pour contenir de l'eau liquide, mais la mission de l'atterrisseur Huygens en 2005 a révélé la présence de lacs d'un autre type, constitués d'hydrocarbures comme ceux de l'essence, principalement du méthane et de l'éthane.

Rothschild pense que les règles universelles de la chimie réduisent certaines des options. "J'ai du mal à imaginer une autre forme de vie qui ne soit pas basée sur le carbone", dit-elle. Il est donc logique de concevoir les missions planétaires de recherche de la vie en gardant cela à l'esprit. L'eau présente également "une tonne d'avantages" en tant que solvant de la vie. Même si des réactions chimiques intéressantes se produisaient dans les lacs de méthane de Titan, elles seraient fortement ralenties par les températures glaciales. La vie pourrait-elle se dérouler à un rythme aussi glacial ? Le planétologue Stuart Bartlett, de l'Institut de technologie de Californie à Pasadena, garde l'esprit ouvert. "Il pourrait y avoir des organismes flottant dans l'atmosphère de Titan qui boivent essentiellement de l'essence pour se maintenir", dit-il.

On a longtemps pensé que toute entité méritant d'être qualifiée de vivante possède des attributs qui ne dépendent pas de sa composition chimique précise. Il est toutefois très difficile de définir ces qualités générales. Les systèmes vivants - même les bactéries - sont extrêmement complexes, maintenus par des informations qui passent (dans notre cas via les gènes) entre les générations et créent une organisation. Mais il ne s'agit pas de l'ordre froid et mort des cristaux, où les atomes sont empilés selon des motifs réguliers. Il s'agit plutôt de l'ordre dynamique d'une ville ou d'une formation nuageuse, que les scientifiques qualifient de "déséquilibré" : il est constamment alimenté en énergie et ne s'installe pas dans un état statique.

Bartlett et Wong proposent une catégorie plus large appelée "lyfe", dont la vie telle que nous la connaissons n'est qu'une variante.

Lorsque James Lovelock, aujourd'hui connu pour l'hypothèse Gaia qui propose que notre planète entière soit assimilée à une entité vivante, participa à la conception des atterrisseurs Viking dans les années 1970, il suggéra de rechercher un tel déséquilibre chimique dans l'environnement - que seule la vie pourrait éventuellement maintenir sur des échelles de temps géologiques. Il s'agit plutôt de l'ordre dynamique d'une ville ou d'une formation nuageuse, que les scientifiques qualifient de "déséquilibré" : Les deux étant constamment alimentés en énergie et ne s'installent pas dans un état statique.  Mais des états de "déséquilibre ordonné" peuvent également être trouvés dans des systèmes non vivants, comme des liquides fluides, de sorte que ce seul critère ne permet pas d'identifier la vie.

Bartlett, en collaboration avec l'astrobiologiste Michael Wong de l'Université de Washington à Seattle, soutient que nous devons échapper au carcan de la pensée terrestre sur la vie. Ils proposent d'introduire une catégorie plus large appelée "lyfe" (prononcé, d'une façon étrangement typique du West Country, comme "loif"), dont la vie telle que nous la connaissons n'est qu'une variation. "Notre proposition tente de se libérer de certains des préjugés potentiels dus au fait que nous faisons partie de cette seule instanciation de lyfe", explique Bartlett. Ils suggèrent quatre critères pour la lyfe :

1. Elle puise dans les sources d'énergie de son environnement qui l'empêchent de devenir uniforme et immuable.

2. Elle connaît une croissance exponentielle (par exemple par réplication).

3. Elle peut se réguler pour rester stable dans un environnement changeant.

4. Elle apprend et se souvient des informations sur cet environnement. L'évolution darwinienne est un exemple de cet apprentissage sur des échelles de temps très longues : les gènes préservent les adaptations utiles à des circonstances particulières.

Les deux chercheurs affirment qu'il existe des systèmes "sublyfe" qui ne répondent qu'à certains de ces critères, et peut-être aussi des "superlyfe" qui en remplissent d'autres : des formes lyfe qui ont des capacités supérieures aux nôtres et qui pourraient nous regarder comme nous regardons des processus complexes mais non vivants tels que la croissance des cristaux.

"Nous espérons cette définition libère suffisamment notre imagination pour que nous ne passions pas à côté de formes de lyfe qui pourraient se cacher à la vue de tous", déclare Bartlett. Lui et Wong suggèrent que certains organismes lytiques pourraient utiliser des sources d'énergie inexploitées ici sur Terre, comme les champs magnétiques ou l'énergie cinétique, l'énergie du mouvement. "Il n'existe aucune forme de vie connue qui exploite directement l'énergie cinétique dans son métabolisme", déclare Bartlett.

Selon eux, il pourrait y avoir d'autres moyens de stocker des informations que dans des brins génétiques comme l'ADN. Les scientifiques ont, par exemple, déjà imaginé des moyens artificiels de stocker et de traiter l'information en utilisant des réseaux bidimensionnels de molécules synthétiques, comme des réseaux en damier ou des abaques. Selon Bartlett, la distinction entre "alyfe" et "non-lyfe" pourrait être floue : être "alyve" pourrait être une question de degré. Après tout, les scientifiques se disputent déjà sur la question de savoir si les virus peuvent être considérés comme tels, même si personne ne doute de leur capacité à détruire la vie.

Il est sceptique quant à la notion de la définition de travail de la Nasa selon laquelle la vie ne peut apparaître et se développer que par l'évolution darwinienne. Il affirme que même les organismes terrestres peuvent façonner leur comportement d'une manière qui ne dépend pas d'un mécanisme Darwinien, à savoir des mutations aléatoires couplées à une compétition pour les ressources qui sélectionne les mutations avantageuses. "L'évolution darwinienne existe bien sûr, mais je pense qu'elle doit être complétée par une vision plus large de l'apprentissage biologique", déclare-t-il.

L'astrobiologiste et physicienne Sara Walker, de l'Arizona State University, partage cet avis. "Il se peut que certains systèmes possèdent de nombreux attributs de la vie mais ne franchissent jamais le seuil de la vie darwinienne", dit-elle. Mais dans son nouveau livre The Zoologist's Guide to the Galaxy, Kershenbaum affirme qu'il est difficile d'imaginer un autre processus susceptible de produire des systèmes chimiques complexes dignes d'être considérés comme vivants (ou alyves). L'évolution par sélection naturelle, dit-il, suit "des principes bien définis dont nous savons qu'ils s'appliqueront non seulement sur Terre mais aussi ailleurs dans l'univers" - et il est "très confiant dans le fait qu'elle sera à l'origine de la diversité de la vie sur les planètes extraterrestres". Si c'est le cas, affirme-t-il, nous pouvons faire des hypothèses raisonnables sur d'autres attributs de ces planètes : par exemple, la vie aura un processus comme la photosynthèse pour récolter l'énergie de l'étoile mère.

Bartlett et Wong se demandent également si les choses vivantes doivent avoir des frontières physiques bien définies.

Après tout, alors que nous pourrions imaginer n'être que tout ce qui se trouve à l'intérieur de notre peau, nous dépendons d'autres organismes en nous : le micro-biote des bactéries dans nos intestins par exemple. Et certains philosophes soutiennent que notre esprit s'étend au-delà de notre cerveau et de notre corps, par exemple dans nos appareils technologiques. "Nous pensons que la vie est un processus qui se déroule probablement à l'échelle de planètes entières", déclare Bartlett. Walker convient que "la seule limite naturelle des processus vivants est la planète", ce qui rappelle l'hypothèse Gaia de Lovelock.

Mais en l'absence d'une limite pour les ingrédients moléculaires, dit Rothschild, tous les composants d'un système vivant se dilueraient dans son environnement, comme des gouttelettes d'encre dans l'eau. Et Kershenbaum affirme que des organismes distincts et délimités sont nécessaires si l'évolution est darwinienne, car ce n'est qu'alors qu'il y a quelque chose d'autre à concurrencer.

Walker pense qu'en fait Bartlett et Wong ne vont pas assez loin dans leur tentative de libérer les idées quant à une vie terracentrique. Leur notion de lyfe, dit-elle, "fait table rase de bon nombre des problèmes omniprésents dans les définitions actuelles de la vie en proposant une définition plus large basée sur les définitions existantes. Les problèmes de base restent les mêmes. Nous n'avons pas besoin de nouvelles définitions de la vie. Ce dont nous avons besoin, c'est de nouvelles théories qui s'attaquent aux principes sous-jacents qui régissent la physique du vivant dans notre univers."

Une autre possibilité d'élargir notre vision de ce que pourrait être la vie est que nous devenions capables de créer de toutes pièces, en laboratoire, des systèmes vivants totalement différents de ceux que nous connaissons. "Nous en sommes beaucoup plus proches que vous ne le pensez", déclare M. Rothschild. En fait, cela s'est peut-être déjà produit et nous ne nous en sommes pas rendu compte, ajoute-t-elle, en plaisantant à moitié. Si nous ne savons pas ce que nous cherchons, un chercheur a peut-être déjà créé une nouvelle forme de vie - et l'a jetée dans l'évier.

En fin de compte, nous ne devrions peut-être pas être trop sûrs que la vie corresponde à une quelconque définition naturelle, estime M. Rothschild. "Je crois que ce que nous avons actuellement, ce sont des définitions non naturelles de la vie, parce que nous n'avons qu'un seul point de données. Je me demande si la vie n'est pas simplement ce que nous définissons."

"Nous pourrions découvrir des systèmes si bizarres et inattendus qu'il serait ompossible de décider s'ils sont vivants ou non", dit Kershenbaum. "Mais si nous découvrons quelque chose de vraiment intéressant et complexe qui ne correspond pas tout à fait à la définition de la vie, cela restera une avancée passionnante. Nous n'allons pas l'ignorer parce que ça ne correspond pas à notre définition !"

Auteur: Ball Philip

Info: The Guardian, 5 Septembre 2020 - Are aliens hiding in plain sight?

[ dépassement conceptuel ] [ spéculations ] [ changement de paradigme ] [ révolution scientifique ] [ monade planétaire ]

 

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