- Vous critiquez, semble-t-il, la conception d’Aristote devenue commune : une pyramide avec les végétaux en bas, les animaux au milieu et l’homme au sommet…
- Vous mentionniez Trump, et malheureusement sa conception du monde s’est étendue bien au-delà des États-Unis. Un mouvement réactionnaire mondial est en marche, qui rejette énormément de choses – les idéaux démocratiques, la culture des lumières… Mais c’est aussi une tentative de redonner une assise à cette vision aristotélicienne. Trump essaie dans la foulée d’imposer l’idée que les Blancs devraient être au-dessus de toutes les autres races et ethnies, de même qu’il y aurait selon lui une hiérarchie naturelle des nations ou que les hommes devraient réaffirmer leur position de domination sur les femmes. Et il défend cette conception du monde selon laquelle les humains devraient se réaffirmer comme la forme de vie dominante, qui n’a de compte à rendre à personne. D’où ces actes arbitraires et vains, comme ce décret qui affirme que nous n’allons pas passer aux pailles en papier et en rester aux pailles en plastique. Ça n’a l’air de rien, mais c’est tout un symbole, une façon de dire : " Je me fiche des effets de nos actions sur le reste du monde vivant parce que je ne pense pas que nous ayons de responsabilité envers lui. " La meilleure façon de comprendre l’ascension de Trump, je pense, c’est d’y lire à la fois la reconnaissance – cachée – de la perte de nos privilèges, et la tentative de nier cette perte.