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infobésité

L’esprit ne peut survivre lorsqu’il est défini comme un bien culturel et distribué à des fins de consommation. La marée de l’information précise et d’amusements domestiqués, rend les hommes plus ingénieux en même temps qu’elle les abêtit.

Auteur: Horkheimer Max

Info: Dialectique de la raison, Gallimard, p. 17

[ essorage ] [ involution psychique ] [ divertissements ]

 

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liberté mensongère

Même si, à de nombreux égards, l’individu a grandi, s’est développé mentalement et émotionnellement, et contribue aujourd’hui à la réussite culturelle à un niveau jamais atteint auparavant, le décalage entre "libération de" et "libéré de" s’est accru. Le résultat de cette disproportion entre l’émancipation de tout lien et l’absence de débouchés positifs pour la réalisation de la liberté et de l’individualité a produit en Europe une fuite accélérée hors de la liberté, une fuite vers de nouveaux liens ou, tout au moins, vers l’indifférence.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", page 42

[ illusion des alternatives ] [ régression ] [ involution ] [ éloignement du réel ]

 

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temps cyclique

La doctrine hindoue enseigne que la durée d’un cycle humain, auquel elle donne le nom de Manvantara, se divise en quatre âges, qui marquent autant de phases d’un obscurcissement graduel de la spiritualité primordiale ; ce sont ces mêmes périodes que les traditions de l’antiquité occidentale, de leur côté, désignaient comme les âges d’or, d’argent, d’airain et de fer. Nous sommes présentement dans le quatrième âge, le Kali-Yuga ou "âge sombre", et nous y sommes, dit-on, depuis déjà plus de six mille ans, c’est-à-dire depuis une époque bien antérieure à toutes celles qui sont connues de l’histoire "classique".

Auteur: Guénon René

Info: Dans "La crise du monde moderne" page 21

[ décadence ] [ involution-évolution ] [ anthrocopène ]

 
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consumérisme cognitif

Pourquoi les croyances n’ont-elles pas été éradiquées d’un monde où la science et la connaissance ne cessent de faire des progrès ? […]
Ce fait est d’abord la conséquence de l’histoire de la structuration du marché cognitif : libéralisation de l’offre et progrès vertigineux de la demande ont entraîné une nombreuse série d’effets (concurrence accrue, diminution du temps d’incubation des produits cognitifs, effet Olson, effort Fort, avarice cognitive…). Il résulte ensuite des revendications du triumvirat démocratique qui s’adosse techniquement à cette révolution du marché cognitif (transparence, mutualisation des savoirs…). Enfin, ces deux processus aboutissent de façon émergente (c’est-à-dire sans que personne ne l’ait décidé) à l’expression des faces obscures de la rationalité que j’ai proposé de synthétiser sous le terme de démocratie des crédules.

Auteur: Bronner Gérald

Info: Dans "La démocratie des crédules" page 276

[ involution ] [ opinion individuelle ]

 

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art de conter

Un spécialiste américain de l’histoire de la littérature donnait récemment les quatre raisons pour lesquelles le roman est menacé de disparaître : 1° les romanciers ne croient plus au chef-d’œuvre ; 2° l’affairisme éditorial a remplacé le monde littéraire ; 3° la littérature n’est plus une forme de connaissance originale (le romancier ne me dit plus que ce que j’ai déjà lu dans un journal ou vu à la télé) ; 4° les livres sont écrits pour appartenir au journalisme et non plus à la littérature. Il faudrait y ajouter, à mon avis, la nouvelle injonction, diffuse et en même temps implacable, d’approuver partout un monde qui se prétend idéal puisqu’il veut le bien de tous, et qui ne saurait tolérer le moindre manquement de respect à son égard. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, pages 38-39

[ repliement ] [ involution ] [ écriture ]

 

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dub

[…] cette musique [la techno] élimine toute parole. Ce refus du verbe s’accompagne d’un rejet du langage musical, au profit des effets. Au discours sont préférés les procédés. La techno élimine la mélodie, voire la hauteur, utilisant les sons comme du bruit, pour leurs timbres. Elle supprime aussi la phrase musicale avec son début, son développement et sa résolution, remplacés par la répétition de formes sonores traitées par la machine. […]
Reste l’inintelligible : stridences et saturation, suppression des silences, atténuation des attaques des sons, qui permettraient à l’auditeur d’en identifier l’origine et la nature. Et bien sûr la pulsation obsédante, qui passe en avant-plan sonore et recouvre le rythme – le cœur battant de la musique – par son contraire : une fixation morbide, maladive, semblable au balancement ininterrompu des autistes, privés eux aussi du langage verbal. Totalement envahie par la déferlante de décibels, la conscience décroche.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Dans "Techno, le son de la technopole", pages 24-25

[ enfermement ] [ déconstruction ] [ involution ] [ transe ] [ vacherie ]

 

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ultraviolence

Jusqu’à peu, il a été possible à une majorité des habitants des villes d’aller et venir, de sortir au cinéma ou au restaurant sans jamais avoir à se battre physiquement, l’éducation agissant à transformer la bagarre des préaux en une violence plus symbolique. Parallèlement, le processus de civilisation et l’extension du contrat social avaient œuvré de sorte que les attaques, détroussements et égorgements caractéristiques du Moyen Âge avaient fini par disparaître, permettant le développement d’une sécurité indispensable à l’extension du marché : je n’étais pas certain que ces processus soient irréversibles. J’avais l’intuition que nous entrions dans un monde qui imposerait à nouveau de savoir jouer des poings et de la lame, nous allions en revenir à des rapports humains plus directs à mesure que la croissance économique ralentirait, exacerbant les tensions. Partout la civilisation reculait, le niveau d’éducation baissait, le mélange d’idéologie du vivre-ensemble et de prescriptions de neuroleptiques sur lequel repose le contrôle social parvenant de moins en moins à contenir l’agressivité latente et l’instinct de défense d’une société soumise à un stress de bas niveau permanent. Il suffit d’observer le comportement des automobilistes, hommes et femmes confondus : désormais, on peut mourir d’une balle de 22 Long Rifle pour une place de parc, se faire renverser par un SUV après un refus de priorité ou se faire attaquer à la batte de base-ball pour un freinage un peu sec. Ce sont des choses qu’on commence à voir : je crois qu’il faut s’y faire. Il faut, il est vrai, se faire à beaucoup de choses.

Auteur: Sansonnens Julien

Info: "Septembre éternel", Éditions de l’Aire, 2021, p.122-123

[ régression ] [ involution ] [ goût du sang ] [ insécurité ]

 

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sexuation

[…] partout où sont attestées des formes de dépassement effectives de la condition humaine, le sexe doit être conçu comme un "destin", un fait fondamental de la nature humaine. On n’existe qu’en tant qu’homme ou qu’en tant que femme. Ce point de vue doit être réaffirmé face à tous ceux qui, aujourd’hui, estiment que le fait d’être homme ou femme est quelque chose d’accidentel et de secondaire par rapport à l’appartenance générique à l’espèce humaine, et que le sexe est une différence concernant exclusivement la partie physique et biologique de la nature humaine, au point qu’il n’aurait un sens et ne comporterait des implications que pour les aspects de la vie humaine qui dépendent de cette partie naturaliste. Un tel point de vue est abstrait et inorganique ; en réalité, il ne peut valoir que pour une humanité déchue, par suite d’une régression et d’une dégénérescence. Ceux qui l’adoptent prouvent par là qu’ils ne savent voir que les aspects terminaux, les plus grossiers et les plus tangibles, de la sexualité. La vérité c’est que le sexe existe, non seulement avant et au-delà du corps, mais dans l’âme, et, dans une certaine mesure, dans l’esprit.

[…] La limite dégénérative correspond à un développement pratiquement exclusif, tératologique, de la partie extérieure et construite, du "masque" de l’individu "social", intellectuel, pratique et "spiritualisé", qui se constitue comme une entité à part ne maintenant plus guère de rapports organiques avec l’être profond et essentiel. C’est dans ces cas seulement que le fait représenté par le sexe peut être considéré comme secondaire et négligeable ; la contrepartie habituelle en est soit une anesthésie, soit une barbarisation primitiviste de la vie sexuelle. Alors seulement il paraîtra peu important d’être homme ou femme, et l’on reconnaîtra de moins en moins à ce fait la valeur – quant à la détermination des vocations, à la formation de soi, au comportement, aux occupations typiques – qu’il eut et aura toujours dans toute civilisation normale.

Auteur: Evola Julius

Info: Métaphysique du sexe, traduit de l’italien par Philippe Baillet, éditions L'âge d'homme, Lausanne, 2005, pages 48-49

[ anti-déconstruction ] [ critique ] [ modernité ] [ involution ]

 

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