vie religieuse
Pour nous, Chartreux, la rectitude est évidemment dans la voie tracée par la règle. C’est un grand avantage de mener une vie toute simple comme la nôtre, où ces embarras, ces intrigues et ces ambitions qui troublent le cœur des gens du monde n’ont pas de place. Notre vie est comme le pain azyme, tout pur et tout blanc, que le prêtre va consacrer. Un Chartreux qui fait simplement son devoir est tout prêt pour cette offrande et cette consécration.
La deuxième condition est la solitude du cœur. Notre cœur est un temple plus grand que celui de Jérusalem. Nous devons être seuls dans ce temple avec Dieu et la Sainte Vierge : car celle-ci ne trouble pas la solitude avec Dieu, mais elle l’assure. Il faut qu’il y règne un grand silence et un grand calme : point de bruit, nulle discussion surtout. [...] Non seulement notre cœur ne doit pas être occupé par le souci des autres, mais il ne faut pas qu’il le soit par le souci de nous-mêmes.
Assurément, nous devons regretter nos péchés, et surtout faire tout notre possible pour devenir chaque jour meilleurs, mais la pensée de nos imperfections ne doit nullement nous préoccuper : c’est à Dieu que nous devons penser, et non pas à nous-mêmes. Nous féliciter d’être ceci, nous inquiéter d’être cela : si longtemps que de telles choses nous occupent, Marie ne peut exercer en nous son sacerdoce virginal.
La solitude du cœur ainsi comprise est toute proche de l’abandon, troisième condition pour que l’âme devienne une offrande agréable à Dieu dans les mains de Marie. Il nous faut faire à celle-ci le don de nos soucis, nous en remettre à elle pour toute chose, atteindre l’insouciance de l’enfant.
Auteur:
Anonyme moine chartreux
Années: 19??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: moine
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Amour et silence", éditions du Seuil, 1951, pages 91-93
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