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spéléo

Un courant d'air ascendant, rendu glacial par les eaux souterraines, sortait de l'orifice comme un souffle issu d'une tombe, et Tyler rêva de rivières d'un noir d'encre parcourant les veines rocheuses de la terre et dans les eaux desquelles tournoyaient dans les ténèbres de bloc de glace couleur d'obsidienne et où vivaient à la merci des courants des créatures mystérieuses que nul n'avait jamais vues.

Auteur: Gay William

Info: La mort au crépuscule

[ imagination ] [ obscurité ]

 

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spéléologie

Comme dans l'espace cosmique le silence absolu règne dans les cavernes. Or, l'homme est habitué à vivre dans une ambiance sonore où les stimuli auditifs agissent constamment sur son cerveau. S'il en est privé, son attention intellectuelle est tournée vers les bruits de son organismes tels que les pulsations du cœur ou sa respiration et son moral peut se dégrader à plus ou moins brève échéance car le silence peut devenir insupportable.
Pendant mon séjour, l'ambiance sonore a été perturbée par des chutes de glace et de rochers qui ont provoqué une tension émotionnelle proche de celle que peuvent ressentir les cosmonautes au moindre événement inattendu, comme celle des petits aérolites qui peuvent heurter l'enveloppe protectrice du satellite.
A ce manque d'informations auditives s'ajoute, plus grave encore, la privation des stimuli visuels. Sous terre comme dans le cosmos le regard dans la nuit absolue et non rayonnante, ne donne pas la sensation de profondeur de l'espace.

Auteur: Siffre Michel

Info: Hors du temps, p. 297

[ isolement complet ] [ obscurité ]

 

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spéléo

Grand spécialiste de la plongée spéléo le français Eric Establie (1964 - 2010) se retrouva bloqué par pure malchance au fond d'une rivière souterraine immergée. Les meilleurs plongeurs européens convergèrent rapidement pour le secourir, dont les deux pointes anglaises, Richard "Rick" Stanton et John Volanthen, qui connaissaient le français pour l'avoir déjà croisé dans le milieu confidentiel de la spéléo sous-marine. Ils ont raconté leurs plongées afin d'essayer de le secourir. Ce duet de bénévoles était peut-être le seul au monde capable d'effectuer un sauvetage si difficile. En 10 jours, ils plongèrent trois fois à l'intérieur du dangereux conduit de la "Dragonnière de Gaud" au sud de l'Ardèche en France. John raconte : - La visibilité était au maximum de quelques mètres, très difficile d'agir dans ces conditions. A certains moments les sédiments étaient si épais qu'on pouvait à peine voir les lumières de nos casques...
Après 740m de conduit ils tombèrent sur une avalanche sous-marine qui avait complètement brassé la boue de la grotte piégeant le plongeur français par un entassement de gravier limoneux qui obturait la conduit sur plusieurs mètres. Lors de cette deuxième tentative les plongeurs trouvèrent une "étroiture" permettant de passer de l'autre côté, mais leurs équipements trop volumineux les en empêchaient. Toujours avec l'aide de nombreux autres plongeurs en soutien et en relais, ils repartirent allégés pour un troisième essai au cours duquel ils réussirent à passer l'étranglement. Pour trouver une eau plus claire de l'autre côté. Mais pas de plongeur français.
Rick raconte : - Après l'éboulement nous avons nagé peut-être 150 mètres quand, au milieu d'un passage élargi, nous avons vu le corps d'Eric cinq mètres au-dessous de nous. Comme nous ne l'avions pas aperçu de l'autre côté de l'obstruction nous espérions le trouver plus loin dans un espace à l'air libre. Ce fut donc une surprise... Les anglais purent constater ensuite que le français avait essayé de creuser pour passer la partie bouchée. Sans savoir pourquoi son corps était si loin dans le tunnel. (Afin d'essayer de parvenir à une poche d'air ?...) Rick, pompier à Coventry, précise : - La chose la plus importante était de récupérer son ordinateur de plongée de poignet. Nous avons ensuite jeté un coup d'oeil alentours mais pas très longtemps parce que nous étions quand-même dans une situation extrême... (Il reconnaîtra plus tard que c'est à ce jour la plongée la plus difficile à laquelle il ait été confronté). L'ordinateur bracelet fut ensuite remis à la police française, révélant qu'Establie avait poursuivi l'exploration au-delà des repères connus à 1040 m (environ 200 m plus loin) avant de revenir et se retrouver à se battre jusqu'à être probablement victime d'une hypoxie, car la visibilité ne permettait plus de lire correctement les instruments qui permettent de régler les mélanges gazeux qu'il respirait. Le procureur de Privas a déclaré :
"Son ordinateur a enregistré soit une remontée du boyau vers la surface soit l'existence d'une poche d'air."
La paire anglaise, en accord avec les secouristes français, décida de ne pas prendre le risque de remonter la dépouille. "Au retour il y avait un danger qu'il reste coincé dans le passage étroit au-dessus de l'éboulement. Comme l'un de nous aurait dû rester derrière le corps il pouvait se faire piéger." Ajoutant finalement : - Nous savons qu'il aurait fait la même chose pour nous si nous avions été en difficulté.
Le corps d'Eric Establie reste prisonnier de la Dragonnière de Gaud.

Auteur: Mg

Info: 20 août 2014, grand merci à Arthur, dit le crapaud, fils d'Eric Establie, pour les précisions.

[ plongée ] [ denières paroles ]

 

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spéléoplongée

On croit souvent que les grandes explorations naissent d’un seul souffle, d’un élan de courage ou d’une audace solitaire. Mais la vérité est plus sobre, plus obstinée : elles naissent dans l’ombre des ateliers, au rythme lent du plastique de l'on façonne et du métal que l’on plie, des idées que l’on ajuste, des échecs que l’on dompte.

Pendant plus de vingt ans, j’ai façonné mes compagnons de profondeur. Non pas des outils interchangeables, mais des alliés fidèles, faits à mon image, à la mesure de mes rêves et de mes peurs. Les recycleurs JOKI, que j’ai vu naître aux côtés de Frédéric Badier en 2004, furent le socle de cette alchimie entre la technique et la respiration. Je les ai portés comme on porte une seconde peau. Cylindriques, compacts, pesant à peine neuf kilos, ils s’effaçaient pour mieux m’accompagner dans mes gouffres. Leur secret ? La simplicité d’un mCCR — un recycleur mécanique à injection manuelle d’oxygène, sans électronique superflue, sans alarmes intrusives. Rien que la maîtrise, l’écoute de son propre corps, et le silence.

Mais je voulais aller plus loin. Je ne pouvais plus me contenter d’un seul modèle, aussi fiable fût-il. Le JOKI était une base, pas un aboutissement. Alors, dans la solitude des ateliers, entre deux plongées, entre deux explorations, j’ai conçu une lignée entière d’engins à recycleur ma respiration. Une généalogie artisanale, presque familiale. Plus d'une dizaine de recycleurs, tous uniques, tous nés de mes mains, baptisés de l’empreinte d’un nom : les X-Men.

Contraction de Xavier Méniscus, oui — mais aussi clin d’œil à leur nature mutante. Aucun n’était identique au précédent. À chaque version, une nouvelle idée testée : position des cellules, allègement des châssis, optimisation des flux gazeux, repositionnement des faux-poumons pour équilibrer le travail respiratoire. Le premier était rustique, presque brutal. Le dixième, sobre, intégré, épuré même difforme. Tous mécaniques, tous silencieux, tous conçus pour une tâche précise : explorer ce que personne n’avait vu.

Au fil des années, je les ai amenés là où peu de machines avaient osé descendre. Font Estramar, bien sûr — l’antre la plus fascinante de ma vie. C’est avec des JOKI revisités, renforcés, bardés de redondance, que j’ai franchi la barre des –286 mètres. Et c’est mes double JOKI reconstruit après mon incendie, nourri de toutes les leçons tirées des X-Men, qui m’a permis de tutoyer –312m de profondeur. Ce n’était plus un simple appareil : c’était un dialogue intime entre moi et l’eau, entre la technologie et l’organique. L’appareil se taisait pour me laisser respirer. Il se contentait de faire ce qu’il devait faire : recycler mon souffle, me permettre d’exister là où plus rien ne vit.

Certains modèles furent conçus pour l’enseignement, d’autres pour les plongées longues à profil variable, d’autres encore pour les siphons étroits où le volume devient un ennemi. Aucun n’a été commercialisé. Pas de code CE, pas de logo, pas de vitrine. Juste une logique : l’exigence. La mienne. Celle de mes plongées.

Les X-Men étaient des créatures d’atelier, des machines rebelles nées du besoin vital de liberté que nous offre encore la plongée souterraine. Ils portaient dans leurs parois le souvenir de chaque plongée, de chaque émergence, de chaque frisson au contact de la roche. Et moi, j’étais leur créateur, mais aussi leur élève. Car en les façonnant, c’est moi-même que j’ai affûté.

Il n’y eut pas de fanfare, pas de trompettes, pas d’annonces. Seulement le souffle lent d’un plongeur qui descendait un peu plus bas, un peu plus loin. Et dans son dos, des machines simples, parfaitement vivantes.


Auteur: Méniscus Xavier

Info: Sur son profil FB, 15 juin 2025

[ théorie-pratique ] [ recherche appliquée ] [ adaptation ] [ artisanat technique ] [ autonomie ] [ symbiose ] [ homme-machine ] [ rigueur de l'expérience ] [ pragmatisme ] [ émotion ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste