L'amour et la mort se ressemblent: quand nous nous sentons perdus, nous nous réfugions dans l'une ou dans l'autre.

Tout au long de ma vie, il me sera essentiel d'avoir un espace à moi, que personne ne puisse envahir. Un jour je créerai des espaces imaginaires, des espaces féeriques, un jour, un jour que j'échapperai enfin à cette prison dorée.

Nieves a la pudeur des sensitives, Mimosa pudica, dont les feuilles se rétractent lorsqu’on les effleure. Elle étudie avec passion. Ce qu’elle apprend lui ouvre des horizons, lui permet d’échapper à la trivialité de son quotidien, lui donne à rêver mille vies. Les disciplines scientifiques la fascinent. La littérature la transporte.

Il (Armin) avait su, par un ami rencontré à la porte de Pantin, que les bibliothèques étaient de merveilleux endroits ouverts aux migrants, où ils pouvaient passer tout leur temps et rester au chaud. En particulier, la bibliothèque de la Villette, qui offrait des cours de français et d’informatique aux migrants.

J'aurais pu parler de la hutte en argile et en joncs de Yeats à Innisfree; de la cabane de Dylan Thomas à Laugharne; de la " hutte sur roulettes " de George Bernard Shaw: du -faré- de Gauguin; de l'atelier cabane d'Emil Nolde; de bien d'autres encore. Toutes huttes , réelles ou rêvées, traduisant en manière de vivre le petit nécessaire des écrivains, des peintres, des faiseurs de mondes: éloignement, isolement, retranchement. Toutes compagnes d'immenses tournoiements ascétiques menés à distance des choses afin de mieux en éprouver le goût. 

La fiction est l'une des rares expériences où la solitude peut être à la fois affrontée et soulagée. Les drogues, les films où des trucs explosent, les fêtes bruyantes - tout cela chasse la solitude en me faisant oublier que je m'appelle Dave et que je vis dans une boîte dont on peut énumérer les os mais qu'aucune autre personne ne peut pénétrer ou connaître. La fiction, la poésie, la musique, le sexe sérieux et profond, et, de certains points de vues, la religion -- voilà les endroits (pour moi) où la solitude est acceptée, dévisagée, transfigurée, traitée.