Après six mois de Trump, Curtis Yarvin appelle au coup d’État
Après six mois du second mandat de Donald Trump, l’effervescence de la coalition trumpiste s’essouffle, confrontée à ses promesses non tenues, à l’image de celle entourant la liste Epstein, et à des divisions internes croissantes. Face à ce marasme, Curtis Yarvin, penseur phare du mouvement dit néoréactionnaire, lance un appel troublant : il presse la jeune élite trumpiste d’aller au bout de sa logique, d’oser la rupture totale avec la démocratie — jusqu’au coup d’État.
Le diagnostic de Yarvin : démocratie malade, monarchie salvatrice
Yarvin dresse le portrait d’une démocratie américaine impuissante, minée par une oligarchie tentaculaire dont la " Cathédrale " — alliance des universités et des grands médias — tiendrait le véritable pouvoir. Le populisme du Parti républicain n’apparaît, selon lui, que comme une opposition inoffensive, voire factice, incapable de bousculer un ordre ancien solidement instauré depuis Roosevelt.
Dans sa vision formaliste, le régime monarchique serait la solution à l’inefficacité démocratique : il propose de substituer à la confusion démocratique l’autorité robuste et claire d’un pouvoir unifié, fût-il celui d’un monarque désormais sans attache populaire.
L’élite néoréactionnaire : " elfes noirs " contre " hobbits "
Yarvin oppose une élite conservatrice, qu’il baptise " elfes noirs ", à la masse du mouvement MAGA, qualifiée de " hobbits ". Il reproche à ce populisme sa naïveté, son attachement illusoire à une Amérique fantasmée, incapable d’exercer le pouvoir véritable. Quant à l’élite, il la somme de rompre avec les traditions démocratiques et de jouer le tout pour le tout afin de rendre impossible toute alternance politique future.
L’urgence de l’action et la théorie du pouvoir
L’appel de Yarvin est rythmé par l’urgence : l’administration, dit-il, doit agir vite et fort, ou bien ses membres finiront broyés par un retour des démocrates. Selon lui, ni l’opinion publique, ni même Trump, ne doivent entraver une véritable prise de pouvoir " élitaire ". À ses yeux, la seule victoire qui compte n’est pas électorale, mais celle qui modifie, à la racine, la structure du pouvoir.
Il invite les jeunes élites trumpistes à se concentrer sur l’accumulation du pouvoir, et non sur des idées ou sur la légitimité démocratique. Pour Yarvin, toute action politique n’a de valeur que si elle rend l’action future plus facile — tout le reste n’est qu’épuisement vain.
Des références provocatrices et une stratégie de renversement
Le texte fourmille de références à l’histoire européenne, à la littérature réactionnaire, et se teinte d’une ironie brutale, comparant l’environnement politique de Washington à un " nid de vipères ". L’objectif avoué : convaincre que seule une prise de pouvoir directe, inspirée du modèle monarchique ou césariste, pourrait sauver non seulement le mouvement MAGA, mais l’Amérique elle-même.
En somme, Yarvin trace, sans détour ni retenue, une feuille de route à ses disciples : transformer la révolte anti-système en révolution contre le système, donner naissance à une ère post-démocratique sous le sceau d’une minorité " élitaire ", quitte à piétiner tout héritage républicain ou démocratique.