massacre
et une autre (photographie) prise d’en haut (d’une fenêtre, d’un toit ?), représentant une place, un carrefour, le croisement de deux avenues aux proportions monumentales et, au milieu du carrefour, comme un amas grumeleux et confus de petits bâtonnets noirs couchés sur le sol, tous dans le même sens et disposés en éventail (c’est-à-dire chaque bâtonnet orienté vers un même point invisible (à gauche et en dehors du champ de la photographie, où se trouvait — disait la légende — une mitrailleuse en train de tirer),
Auteur:
Simon Claude
Années: 1913 - 2005
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Histoire, p. 110
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graffiti
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géométrie
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cadavres
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image
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ville
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massacre
- Il ne faut pleurer sur aucune des choses qui arrivent aujourd’hui.
- Il ne faut pas pleurer ?
- Non, petite. Pas sur le sang qui est répandu aujourd’hui.
- Il ne faut pas pleurer à cause de l’offense ? Il ne faut pas pleurer de douleur ?
- Si nous pleurons, nous acceptons. Il ne faut pas accepter.
- Les hommes sont tués, et il ne faut pas pleurer ?
- Si nous les pleurons, nous les perdons. Il ne faut pas les perdre.
- Et il ne faut pas pleurer ?
- Bien sûr que non ! Que faisons-nous, si nous pleurons ? Nous rendons inutile tout ce qui a été.
Était-ce cela, pleurer ?
Rendre inutile tout ce qui avait été ? Et quoi encore ? Effacer le sang répandu ? Rendre inutile la douleur même ? Était-ce cela ?
Auteur:
Vittorini Elio
Années: 1908 - 1966
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Italie
Info:
Dans "Les hommes et les autres", éd. Gallimard, Paris, 1947, pages 121-122
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aveu de défaite
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résistance
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viatique moral
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défini
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question
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massacre
Alors imaginez la calme fin d’une journée de printemps où tout semble comme verni, frais, émaillé, les rayons du soleil déclinant qui percent en oblique les feuillages des arbres bordant la côte que monte maintenant au pas l’escadron, et à part toujours le bruit des sabots c’est le silence, personne ne parle, vous regardez seulement les premiers groupes de réfugiés qui cheminent en sens inverse, et tout à coup, sans que rien ne se soit encore produit, sans raison apparente, vous les entendez crier, ou plutôt criailler, les piaillements aigus des femmes, trop aigus, presque indécents, au point que vous vous demandez avec une sorte de condescendance apitoyée Qu’est-ce qui leur prend, qu’est-ce qui leur prend ? en même temps que vous les voyez tous, femmes, hommes, enfants abandonner les chariots, les bicyclettes ou les poussettes qu’ils traînaient et se jeter dans le fossé et alors, sans que vous ayez seulement entendu venir les trois avions qui volent haut, tout à coup cette espèce de buisson de poussière dans le champ, à quelques mètres de vous, crépitant d’étincelles dans un bruit ou plutôt un fracas assourdissant, et le souffle de la bombe qui vous frappe sur le côté comme des coups de poing, et alors, puisque c’est ça que vous me demandez, ça y est : la peur
Auteur:
Simon Claude
Années: 1913 - 2005
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le jardin des plantes p 81
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contraste
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machine
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nature
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guerre
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débâcle
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ww2
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