Voici, face à face, deux hommes : l’un qui veut servir l’autre qui accepte ou souhaite d’être chef. Le premier joint les mains et les place, ainsi unies, dans les mains du second : clair symbole de soumission, dont le sens, parfois, était encore accentué par un agenouillement. En même temps, le personnage aux mains offertes prononce quelques paroles, très brèves, par où il se reconnaît " l’homme " de son vis‑à‑vis. Puis chef et subordonné se baisent sur la bouche : symbole d’accord et d’amitié. Tels étaient — très simples et, par là même, éminemment propres à frapper des esprits si sensibles aux choses vues — les gestes qui servaient à nouer un des liens sociaux les plus forts qu’ait connus l’ère féodale. Cent fois décrite ou mentionnée dans les textes, reproduite sur des sceaux, des miniatures, des bas‑reliefs, la cérémonie s’appelait " hommage " (en allemand, Mannschaft). Pour désigner le supérieur, qu’elle créait, point d’autres termes que le nom, très général, de " seigneur ". Souvent le subordonné est dit de même, sans plus, " l’homme " de ce seigneur. Quelquefois, avec plus de précision, son " homme de bouche et de mains ". Mais on emploie aussi des mots mieux spécialisés : " vassal " ou, jusqu’au début du XIIe siècle au moins, " commendé ".
        
     
    
            Années: 1886 - 1944
            Epoque – Courant religieux: industriel
            Sexe: H
            Profession et précisions: historien
            Continent – Pays: Europe - France