fesses
A côté de la chaire se tient une femme. Celle que "lui" vient de me faire remarquer. Elle n’est pas jeune. C’est une étrangère, peut-être une Américaine. Une tête de professeur, d’enseignante en tout cas : des lunettes d’écaille foncée enfourchées sur un nez sévère ; une grande bouche, sensuelle peut-être, mais dédaigneuses ; des cheveux coupés court au-dessus d’une nuque robuste et nerveuse. Une tête que j’imaginerais volontiers surmontée du bonnet noir et carré dont les professeurs des universités anglo-saxonnes se coiffent les jours de solennités. Elle porte un corsage blanc et une jupe grise. Elle est maigre, plate, masculine mais sous la cambrure des reines, comme "lui" me le fait malicieusement observer, s’épanouit un derrière surprenant. Un derrière solide, sphérique, musclé, rebondi, pétulant, gamin, allègre. Un derrière qui fait mentir le visage trop sévère : le visage dit non à la vie ; le derrière, avec enthousiasme, lui dit oui.
Auteur:
Moravia Alberto
Années: 1907 - 1990
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Italie
Info:
Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, pages 187-188
[
femme-par-homme
]
[
cul
]
[
contraste
]
[
double discours corporel
]
[
attraction-répulsion
]