Quand on comprend que l'on perd la joie et le bonheur dans la tentative de posséder, l'essence de l'agriculture naturelle se réalise. Le but ultime de l'agriculture n'est pas la culture des plantes, mais la culture et le perfectionnement de l'être humain.

J'ai été séduit par l'agriculture biologique* parce qu'elle impliquait la recherche et la découverte des filières de la nature, par opposition à l'agriculture chimique et ses formules. L'attrait de l'agriculture biologique est illimité ; cette montagne n'a pas de sommet, cette rivière n'a pas de fin.

Ainsi pour l'agriculteur dans son travail : sers la nature et tout ira bien. L'agriculture était un travail sacré. Quand l'humanité perdit cet idéal, l'agriculture commerciale moderne surgit. Quand le paysan commença à faire pousser les récoltes pour faire de l'argent, il oublia les principes réels de l'agriculture.

Les cultures d'évasion du Nouveau Monde rendirent l'économie de l'évasion aussi tentante que sa politique. Les fonctionnaires coloniaux en vinrent à stigmatiser le manioc et le maïs comme étant des cultures d'indigènes paresseux dont le but principal était de se soustraire au travail. Dans le Nouveau Monde également, ceux dont le travail consistait à pousser la population vers le travail salarié ou vers la plantation déploraient les cultures permettant à une paysannerie libre de conserver son autonomie. Les propriétaires d'Hacienda en Amérique centrale affirmaient qu'avec le manioc, il suffisait au paysan d'un fusil de chasse et d'un hameçon pour cesser de travailler régulièrement pour un salaire.