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complexe d'Œdipe

Il m’est venu une seule pensée ayant une valeur générale. Chez moi aussi j’ai trouvé le sentiment amoureux pour la mère et la jalousie envers le père, et je les considère maintenant comme un événement général de la prime enfance, même si cela n’est pas toujours aussi précoce que chez les enfants rendus hystériques. [...] S’il en est ainsi, on comprend la force saisissante d’Œdipe Roi, malgré toutes les objections que la raison soulève contre ce qui est présupposé par le destin, et on comprend pourquoi le "drame du destin" qui est venu plus tard ne pouvait qu’échouer si misérablement.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess du 15 octobre 1897, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ littérature ] [ expérience personnelle ] [ mythe ]

 

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complexe d'Œdipe

[...] pour autant que le moi se trouve dans cette position de rejet de la part de l’Idéal du moi par exemple, il s’établit l’état mélancolique. [...] C’est pour autant que, de la part de l’Idéal du moi, le sujet dans sa réalité vivante peut se trouver lui-même dans une position d’exclusion de toute signification possible, que s’établit l’état dépressif comme tel.

Ce dont il s’agit dans la formation de l’Idéal du moi est un processus tout opposé. L’objet se trouve confronté à ce que nous avons appelé privation pour autant qu’il s’agit d’un désir négatif, que c’est un objet qui peut être demandé, que c’est sur le plan de la demande que le sujet se voit refuser son désir. La liaison entre le désir en tant que refusé et l’objet, voilà ce qui est au départ de la constitution de cet objet comme un certain signifiant qui prend une certaine place, qui se substitue au sujet, qui devient une métaphore du sujet.

Cela se produit dans l’identification à l’objet du désir, dans le cas où la fille s’identifie à son père. Ce père qu’elle a désiré et qui lui a refusé le désir de sa demande, vient à sa place. La formation de l’Idéal du moi a ainsi un caractère métaphorique, et de même que dans la métaphore, ce qui en résulte, c’est la modification d’un désir qui n’a rien à faire avec le désir intéressé dans la constitution de l’objet, un désir qui est ailleurs, celui qui avait lié la petite fille à sa mère.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, page 301

[ genèse ] [ rapports ] [ triade ]

 

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complexe d'Œdipe

La découverte freudienne [...] nous montre la femme dans une position qui est, si l’on peut dire – puisque j’ai parlé d’ordonnance, d’ordre ou d’ordination symbolique – subordonnée. Le père est d’abord pour elle objet de son amour – c’est-à-dire objet du sentiment qui s’adresse à l’élément de manque dans l’objet, pour autant que c’est par la voie de ce manque qu’elle a été conduite à cet objet qui est le père. Cet objet d’amour devient ensuite celui qui donne l’objet de satisfaction, l’objet de la relation naturelle de l’enfantement. A partir de là, il ne s’en faut pour elle que d’un peu de patience pour qu’au père vienne enfin à se substituer celui qui remplira exactement le même rôle, le rôle du père, en lui donnant effectivement un enfant.

Ceci comporte un trait sur lequel nous reviendrons, et qui donne son style particulier au développement du surmoi féminin. Il y a chez elle une espèce de balance entre le renoncement au phallus et la prévalence de la relation narcissique, dont un Hanns Sachs a très bien vu l’importance dans le développement de la femme. En effet, ce renoncement une fois fait, le phallus est par elle abjuré comme appartenance, et devient de l’appartenance de celui auquel dès lors s’attache son amour, le père, dont elle attend effectivement l’enfant. Cette attente de ce qui dès lors n’est plus pour elle que ce qui doit lui être donné, la met dans une dépendance très particulière, qui fait naître paradoxalement à un moment donné [...] des fixations proprement narcissiques. Elle est en fait l’être le plus intolérant à une certaine frustration. [...]

La simple réduction de la situation à l’identification de l’objet de l’amour et de l’objet qui donne la satisfaction, explique d’ailleurs aussi bien le côté spécialement fixé, voire précocement arrêté, du développement de la femme par rapport au développement que l’on peut qualifier de normal. A certains tournants de ses écrits, Freud prend un ton singulièrement misogyne pour se plaindre amèrement de la grande difficulté qu’il y a, au moins pour certains sujets féminins, à les mobiliser, à les faire bouger d’une espèce de morale, dit-il, du potager et des boulettes, qui comporte de forts impérieuses exigences quant aux satisfactions à tirer, de l’analyse elle-même par exemple.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 281-282

[ femmes-hommes ] [ simplettes ]

 
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complexe d'Œdipe

[...] non seulement le meurtre du père n’ouvre pas la voie vers la jouissance que la présence du père était censée interdire, mais si je puis dire, elle en renforce l’interdiction.

Tout est là, et c’est bien là ce qu’on peut appeler à tous les points de vue - je veux dire dans le fait et aussi dans l’explication - la faille, c’est à savoir que l’obstacle étant exterminé sous la forme du meurtre, la jouissance n’en reste pas moins interdite. Bien plus - ai-je dit - cette interdiction est renforcée. Cette faille interdictive est donc, si je puis dire, soutenue, articulée, rendue visible par le mythe, mais elle est en même temps profondément camouflée par lui. C’est bien pourquoi l’important de Totem et Tabou est d’être un mythe, on l’a dit, peut-être le seul mythe dont l’époque moderne ait été capable. Et c’est FREUD qui l’a inventé.

L’important est ceci : c’est de nous attacher à ce que comporte cette faille, au fait que tout ce qui la franchit, l’affranchit, fait l’objet d’une dette au Grand Livre de la dette. Tout exercice de la jouissance comporte quelque chose qui s’inscrit à ce Livre de la dette dans la loi. Bien plus, il faut bien que quelque chose dans cette régulation soit ou paradoxe, ou le lieu de quelque dérèglement, car le contraire, le franchissement de la faille dans l’autre sens, n’est pas équivalent.

FREUD écrit le Malaise dans la civilisation pour nous dire que tout ce qui est viré de la jouissance à l’interdiction va dans le sens d’un renforcement toujours croissant de l’interdiction. Quiconque s’applique à se soumettre à la loi morale voit, lui, toujours se renforcer les exigences toujours plus minutieuses, plus cruelles de son surmoi.

Pourquoi n’en est-il pas de même en sens contraire ? Il est un fait, c’est qu’il n’en est rien, et que quiconque s’avance dans la voie de la jouissance sans frein, au nom de quelque forme que ce soit du rejet de la loi morale, rencontre des obstacles dont notre expérience nous montre tous les jours la vivacité sous des formes innombrables et qui n’en supposent peut-être pas moins quelque chose d’unique à sa racine.

C’est au point que nous arrivons à la formule qu’une transgression est nécessaire pour accéder à cette jouissance et que, pour retrouver Saint PAUL, c’est très précisément à cela que sert la loi, que la transgression dans le sens de la jouissance ne s’accomplit qu’à s’appuyer sur le principe contraire, sur les formes de la loi. Et si les voies vers la jouissance ont quelque chose en elles-mêmes qui s’amortit, qui tend à être impraticable, c’est l’interdiction qui lui sert, si je puis dire, de véhicule tout-terrain, d’autochenille, pour sortir de ces boucles qui ramènent toujours l’homme, tournant en rond, vers l’ornière d’une satisfaction courte et piétinée. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 16 mars 1960

[ psychanalyse ] [ explication ] [ rapport proportionnel ]

 

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