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classes sociales

C'était un refuge psychologique pour les pauvres de dénigrer les soi-disant classes supérieures, de satyriser leurs excès, leurs manières et leur comportement et de prétendre qu'ils étaient au-dessus d'une existence si artificielle. [...] Le mépris était un prétexte, un abri pour rendre la pauvreté supportable, même honorable, et ainsi rendre l'orgueil possible.

Auteur: Turner George

Info: Drowning Towers 1987

[ jalousie ] [ compensation ]

 

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classes sociales

Certes, messieurs, ce n'est pas moi qui méconnaîtrai les grandeurs de notre révolution ; mais ne devons-nous pas tous aussi en avoir présents à la mémoire les excès et les erreurs ? Proclamons bien haut les principes immortels qu'elle a révélés au monde, mais sachons en repousser énergiquement toutes les conséquences. L'égalité est une de ses plus belles conquêtes ; mais qui ne sent qu'elle dégénérerait bien vite en licence, si elle n'était maintenue par le respect des supériorités légitimes et des privilèges héréditaires ?

Auteur: Sarcey Francisque

Info: In "Le mot et la chose", éd. Paul Ollendorff, p. 75

[ politique ] [ éloquence ] [ absurdité ] [ héritage ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

classes sociales

Gradation. Le peuple honore les personnes de grande naissance, les demi-habiles les méprisent disant que la naissance n'est pas un avantage de la personne mais du hasard. Les habiles les honorent, non par la pensée du peuple mais par la pensée de derrière. Les dévots qui ont plus de zèle que de science les méprisent malgré cette considération qui les fait honorer par les habiles, parce qu'ils en jugent par une nouvelle lumière que la piété leur donne, mais les chrétiens parfaits les honorent par une autre lumière supérieure.

Auteur: Pascal Blaise

Info: Pensées, 337-90

[ jugements ] [ raison ] [ justification ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

classes sociales

Le cours de musique constituait peut-être le test le plus insidieux, mais le plus brutal de la maîtrise ou non de ce qu'on entend par "la culture", de la relation d'évidence ou d'extranéité que l'on entretient avec elle : le professeur arrivait avec des disques, nous faisait écouter interminablement des extraits d'oeuvres, et si les élèves issus de la bourgeoisie mimaient alors la rêverie inspirée, ceux issus des classes populaires échangeaient en sourdine des plaisanteries idiotes ou ne pouvaient se retenir de parler à voix haute ou de pouffer de rire.

Auteur: Eribon Didier

Info: Retour à Reims

[ enseignement ] [ différence ] [ élitisme bourgeois ]

 

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classes sociales

Quand on dit le peuple, aujourd’hui, on fait de la littérature électorale, politique, parlementaire.

Il n’y a plus de peuple.

Tout le monde est bourgeois.

Puisque tout le monde lit son journal.

Le peu qui restait de l’ancienne ou plutôt des anciennes aristocraties est devenu une basse bourgeoisie.

L’ancienne aristocratie est devenue comme les autres une bourgeoisie d’argent.

L’ancienne bourgeoisie est devenue une basse bourgeoisie, une bourgeoisie d’argent.

Quant aux ouvriers ils n’ont plus qu’une idée, c’est de devenir des bourgeois.

C’est même ce qu’ils nomment devenir socialistes.

Il n’y a guère que les paysans qui soient restés profondément paysans.

Auteur: Péguy Charles

Info: L'argent

[ rêve démocratique d'enrichissement ] [ indifférenciation ] [ société marchande ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

classes sociales

La Russie est coupée en deux : la rupture est sensible depuis la réforme de Pierre le Grand, qui aboutit à créer une nouvelle noblesse. Pierre le Grand a réalisé ce dont, plus tard, Napoléon a rêvé, quand il imaginait la Légion d’honneur.

Le résultat est patent. Dostoïevski le rappelle régulièrement, depuis ses Carnets de la maison morte. Les gens du peuple éprouvent pour les privilégiés un sentiment qui prend souvent la figure de la haine. Les privilégiés, de leur côté, ne cessent, par patriotisme, de dire leur admiration pour le peuple, sans oublier pourtant le mépris qu’autrefois leur inspiraient les "puants".

Ce mépris est renforcé depuis que l’occidentalisation des élites leur donne l’impression de participer à la civilisation. Le moujik est un sauvage. Le moujik s’enivre abominablement.

Que le moujik vive dans une grande misère matérielle et spirituelle, Dostoïevski ne songe pas à le nier. Mais il croit fermement – a-t-il tort ? a-t-il raison ? – que le peuple, qui n’est pas un parangon de vertu, a gardé la conscience du bien et du mal, celle qu’on acquise Adam et Eve en mangeant le fruit de l’arbre. Il se persuade par ailleurs que la classe privilégiée est en train de perdre cette conscience. La licence en matière de mœurs est un signe.

Auteur: Backès Jean-Louis

Info: "Dostoïevski et la logique", YCMA-Press, Paris, 2021, pages 320-321

[ valeurs ] [ hiérarchie ] [ sagesse populaire ] [ bon sens ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

classes sociales

Dostoïevski est particulièrement sensible à une caractéristique de sa nation. Depuis Pierre le Grand, qui a joué la carte de l’européanisation brutale, la structure de la société a été assez profondément modifiée. Certes il existe, probablement depuis toujours, une opposition entre deux grandes classes. Ce qui est relativement nouveau, depuis Pierre le Grand, tient en deux traits importants.

D’une part la noblesse recrute largement, s’enrichit de nouvelles ouailles, depuis que l’administration, dominée par la logique de la "table des rangs", confère la noblesse aux plus gradés, automatiquement, sans considérer les traditions familiales. Pouchkine n’est sans doute pas le seul à avoir signalé le phénomène, dont il estime avoir lui-même à souffrir. On assiste à des conflits à l’intérieur de la classe privilégiée. Certaines pages de L’Idiot peignent avec précision cet état de choses. Une fois de plus, la cohérence de l’objet dont on parle demanderait un examen sérieux.

D’autre part, la nouvelle aristocratie qui mêle ancienne noblesse et vilains savonnés, construit son unité de façade autour d’un style de vie qu’ignorait l’ancienne Russie. L’histoire de la barbe, qui peut faire rire, est hautement symbolique. Les gentilshommes, comme le disent Pouchkine et bien d’autres, sont rasés. Il est vrai qu’au début du XIXe siècle, une évolution s’est produite. Les perruques disparaissent. Les portraits exhibent des moustaches, des favoris voire des barbes entières. Cette évolution du système pileux dans l’aristocratie ne signifie pas un retour aux mœurs traditionnelles. C’est l’effet d’une mode venue de l’Occident.

Auteur: Backès Jean-Louis

Info: "Dostoïevski et la logique", YCMA-Press, Paris, 2021, pages 310-311

[ historique ] [ occidentalisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson