littérature
Il s'est fait un grand, un total silence. Celui qu'on appelle un silence de mort. De tous les sons il est seulement resté le murmure des écaillures qui se détachaient du ciel de la salle... Un peu plus tôt, sous un certain angle, on pouvait voir dans le faisceau lumineux du projecteur tomber d'en haut, du Soleil et de la Lune stylisés, des planètes et des constellations, une impalpable poussière laiteuse, plus blanches et plus légère que la plus fine poudre de riz... Cette bruine devait certainement continuer de tomber, persistante, fantomatique, même une fois la projection interrompue... Comme si elle cherchait à tout couvrir, à dissimuler toute trace, à adoucir les rides autour des yeux et des lèvres, à gommer nos visages.
Auteur:
Petrovic Goran
Années: 1953 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Serbie
Info:
Sous un ciel qui s'écaille
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onirisme
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rangement
Boîtes en fer blanc
Au début nous ne rangions pas nos souvenirs dans des boîtes. Nous les laissions simplement traîner partout autour de nous, en les poussant, les déplaçant et les oubliant pour un temps. On les tenait dans les fissures des murs, sous les tapis, parmi les vieilles choses remisées, dans les poches des manteaux que l'on ne portait pas, entre les pages des livres, dans les armoires et les bouquets de fleurs sèches. Puis, quand tous les endroits "secrets" en regorgeaient, nous tombions quotidiennement sur eux, nous les retrouvions par hasard en faisant le ménage ou en cherchant une place pour de nouveaux souvenirs. Nous avons bientôt compris qu'un désordre pareil ne pouvait être plus longtemps toléré, et que nous risquions aussi de voir un souvenir important se perdre, se faire manger par les mites ou attaquer par l'humidité. C'est pourquoi, un samedi, nous avons organisé un grand ménage. Nous avons sorti tous les souvenirs à la lumière du jour, les avons brossés, exposés au soleil, puis enveloppés dans des morceaux de toile cirée, et pour finir rangés dans des boîtes à biscuits, à tabac ou à bonbons. Nous n'en avons jeté aucun (même pas le plus désagréable), car on ne jette pas les souvenirs, pour éviter qu'un jour puisse se trouver aux ordures une partie de nous-mêmes plus grande que celle qui nous reste.
Auteur:
Petrovic Goran
Années: 1953 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Serbie
Info:
Atlas des reflets célestes, p 214
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conservation
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littérature
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