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travail

En été le troupeau montait à la montagne où l’herbe était plus fraîche. Là-haut nous produisions du fromage et les "ricotte" (fromage blanc) et je devais me lever à quatre heures du matin, prendre mon sac à dos et monter de l’altitude 1060 mètres du village jusqu’à 200 mètres où pâturaient nos bêtes. Je devais me charger les "ricotte" sur le dos pour les rapporter au village. J’y arrivais vers neuf heures du matin, trempé de sueur. Il me fallait cinq heures pour monter et redescendre la montagne, et je devais le faire un jour sur deux.
A mon retour au bistrot je m’attaquais à ma besogne journalière.

Auteur: Pasetta

Info: Dans "Pasetta racconta", page 25

[ souvenir ] [ enfance ] [ tâche ]

 

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enfance

Finalement, depuis quelque temps, j’avais un lit : du tiroir j’étais passé à un vrai lit. Pendant la nuit je dormais avec une vieille dame car à cette époque, il n’y avait pas de maison de retraite pour les personnes âgées. Il fallait donc s’occuper d’elles de jour comme de nuit. Cette situation dura jusqu’à quand je commençai à travailler.
Le soir venu on se couchait tôt car il n’y avait pas beaucoup d’électricité. Avant d’aller au lit, il faisait bon d’écouter les fables que ma tante me racontait par épisodes, soir après soir, au coin du feu et à la lueur d’une chandelle. Durant les pauses (publicité ?!) on mettait en place les bûches pour qu’elles brûlent complètement et on contrôlait la cuisson des pommes de terre enfouies sous la braise.

Auteur: Pasetta

Info: Dans "Pasetta racconta", page 19

[ occupation ] [ souvenir ] [ foyer ]

 

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états-unis

On me traita de fou quand je décidai de laisser New York pour revenir dans mon petit village. Les gens disaient : celui qui laisse la compagnie de vingt millions de personnes pour aller habiter avec un millier de villageois est fou à lier. Les "singes savants", soit aux USA soit dans mon village, dirent cela de moi. Ils étaient tous convaincus que je serais reparti avant le Noël de la même année.
Mais, et je peux l’affirmer aujourd’hui que 43 ans sont passés, je ne retournerai jamais aux USA.
Ils ne pouvaient pas comprendre ce qui me torturait les entrailles : outre mon pays j’avais perdu mon sourire, ce qui est la chose la plus important pour un être humain. Dans l’obscurité je me regardais dans les murs et je dialoguais avec moi-même.

Auteur: Pasetta

Info: Dans "Pasetta racconta", page 31

[ mal du pays ] [ étranger ] [ urbain-rural ]

 

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événement

Un soir de la veille de Noël, il y a longtemps de ça, la nouvelle qu’une bienfaitrice était arrivée au village se mit à circuler dans mon bistrot. Les clients s’exclamaient : "guaggliu è arrivata la grascia" (les gars, l’abondance est arrivée). L’abondance dont il était question c’était une femme des rues, une prostituée. En deux minutes mon local se vida et en moins d’un quart d’heure la nouvelle avait fait le tour du village. Je ne vais pas entrer dans la description des détails mais la confusion et les ferments furent importants. Il y avait ceux qui étaient sans argent, ou sans préservatif tandis que la pharmacie était fermée, ceux qui bien que mariés ne voulaient pas perdre l’occasion et ceux qui malgré sa timidité ne voulaient pas renoncer. La bienheureuse fut portée dans une grange et là elle reçut ses clients. Les chiens se mirent à aboyer, les moutons à bêler, les épouses à crier au scandale tandis que nous, les adolescents, nous riions en nous tenant le ventre tant il nous faisait mal. […] Nous nous considérions chanceux quand nous avions l’occasion de la voir marcher dans le village.

Auteur: Pasetta

Info: Dans "Pasetta racconta", pages 24-25

[ humour ] [ souvenir ] [ province ]

 

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