désillusion
En effet, nous vieillissons tout doucement, dit le général. Tout d'abord, c'est notre joie de vivre et de voir nos semblables qui s'émousse. Peu à peu, le sens de la réalité prédomine en nous. Nous pénétrons mieux le sens des choses et nous assistons avec ennui à la succession d'événements qui se répètent. Le noter est déjà un signe de vieillesse. Quand nous avons bien compris par exemple qu'une coupe n'est qu'une coupe et que les pauvres humains - quoi qu'ils fassent - ne sont que des créatures éphémères, c'est que nous sommes alors vraiment bien vieux.
Auteur:
Márai Sándor
Années: 1900 - 1989
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Hondrie
Info:
Les Braises
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déprime
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déclin
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définitif
Alors que nous étions assis sur le banc de pierre, je compris brusquement – et de façon désespérante – qu’il vient un moment où l’on ne peut plus rien "réparer". On vit, on rapièce, on rafistole, on construit et quelquefois, on gâche son existence ; puis, avec le temps, on s’aperçoit que cette vie, telle qu’elle s’est constituée de hasards et d’erreurs, est parfaitement inaltérable. Lajos n’y pouvait plus rien. Lorsque quelqu’un surgit du passé pour annoncer, avec des trémolos dans la voix, qu’il veut "tout réparer", on ne peut que le plaindre et rire de ses intentions. Le temps avait déjà tout "réparé" à sa façon particulière, qui est la seule possible.
Auteur:
Márai Sándor
Années: 1900 - 1989
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Hondrie
Info:
L'Héritage d'Esther
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irrévocable
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irrémédiable
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