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écriture

J'essaye de raconter mon histoire, mais je ne peux pas, je n'en ai pas le courage, elle me fait trop mal. Alors j'embellis tout.

Auteur: Kristof Agota

Info: La Trilogie des jumeaux : Le Grand Cahier ; La Preuve ; Le Troisième Mensonge

[ introspection ] [ enjoliver ]

 

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humour

Je suis un grand écrivain. Personne ne le sait, car je n’ai encore rien écrit. (…) L’ennui c’est que je ne sais pas quel sera le sujet de mon roman. On a déjà tellement écrit sur tout et sur n’importe quoi.

Auteur: Kristof Agota

Info: C'est égal

[ justification ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

séparation

La fenêtre était ouverte

la fenêtre de la nuit remplie d'obscurité et de vent

pourtant l'été flottait au-dessus des routes

et j'ai pensé que demain tu ne serais plus là 



Je ne pleurais pas j'avais juste peur de m'évanouir

dans le vide que tu laisses derrière toi

je n'ai rien pour m'y accrocher

ta main ne sera plus là demain

Auteur: Kristof Agota

Info: "Clous: poèmes hongrois et français "

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

relativité

Pour décider si c'est "Bien" ou "Pas bien", nous avons une règle très simple: la composition doit être vraie. Nous devons décrire ce qui est, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons. Par exemple, il est interdit d'écrire: "Grand-Mère ressemble à une sorcière" ; mais il est permis d'écrire: "Les gens appellent Grand-Mère la Sorcière."

Il est interdit d'écrire: "La Petite Ville est belle", car la Petite Ville peut être belle pour nous et laide pour quelqu'un d'autre.

De même, si nous écrivons: "L'ordonnance est gentil", cela n'est pas une vérité, parce que l'ordonnance est peut-être capable de méchancetés que nous ignorons. Nous écrirons donc simplement: "L'ordonnance nous donne des couvertures."

Nous écrirons: "Nous mangeons beaucoup de noix", et non pas: "Nous aimons les noix", car le mot "aimer" n'est pas un mot sûr, il manque de précision et d'objectivité. "Aimer les noix" et "aimer notre Mère", cela ne peut pas vouloir dire la même chose. La première formule désigne un goût agréable dans la bouche, et la deuxième un sentiment.

Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues ; il vaut mieux éviter leur emploi et s'en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c'est-à-dire à la description fidèle des faits.

Auteur: Kristof Agota

Info: Le Grand Cahier, premier tome de la "Trilogie des jumeaux", 1986

[ vérités relatives ] [ jugement ] [ bien-mal ] [ prudence locutoire ] [ distanciation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

vieille

Grand-Mère est petite et maigre. Elle a un fichu noir sur la tête. Ses habits sont gris foncé. Elle porte de vieux souliers militaires. Quand il fait beau, elle marche nu-pieds. Son visage est couvert de rides, de taches brunes et de verrues où poussent des poils. Elle n’a plus de dents, du moins plus de dents visibles.

Grand-Mère ne se lave jamais. Elle s’essuie la bouche avec le coin de son fichu quand elle a mangé ou quand elle a bu. Elle ne porte pas de culotte. Quand elle a besoin d’uriner, elle s’arrête où elle se trouve, écarte les jambes et pisse par terre sous ses jupes. Naturellement, elle ne le fait pas dans la maison.

Grand-Mère ne se déshabille jamais. Nous avons regardé dans sa chambre le soir. Elle enlève une jupe, il y a une autre jupe dessous. Elle enlève son corsage, il y a un autre corsage dessous. Elle se couche comme ça. Elle n’enlève pas son fichu.

Grand-Mère parle peu. Sauf le soir. Le soir, elle prend une bouteille sur une étagère, elle boit directement au goulot. Bientôt, elle se met à parler une langue que nous ne connaissons pas. Ce n’est pas la langue que parlent les militaires étrangers, c’est une langue tout à fait différente.

Dans cette langue inconnue, Grand-Mère se pose des questions et elle y répond. Elle rit parfois, ou bien elle se fâche et elle crie. A la fin, presque toujours, elle se met à pleurer, elle va dans sa chambre en titubant, elle tombe sur son lit et nous l’entendons sangloter longuement dans la nuit.

Auteur: Kristof Agota

Info: Le grand cahier, éditions du Seuil, 1986, pages 12-13

[ petits-enfants ] [ portrait ] [ sale ] [ ivrogne ] [ dialecte inconnu ] [ description ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

rabaissement verbal

Exercice d'endurcissement de l'esprit.

Grand-mère nous dit :

- Fils de chienne !

Les gens nous disent :

- Fils de Sorcière ! Fils de pute !

D'autres disent :

- Imbéciles ! Voyous ! Morveux ! Ânes ! Gorets ! Pourceaux ! Canailles ! Charognes ! Petits merdeux ! Gibier de potence ! Graines d'assassin !

Quand nous entendons ces mots, notre visage devient rouge, nos oreilles bourdonnent, nos yeux piquent, nos genoux tremblent.

Nous ne voulons plus rougir ni trembler, nous voulons nous habituer aux injures, aux mots qui blessent.

Nous nous installons à la table de la cuisine l'un en face de l'autre et, en nous regardant dans les yeux, nous disons des mots de plus en plus atroces.

L'un :

- Fumier ! Trou du cul !

L'autre :

- Enculé ! Salopard !

Nous continuons ainsi jusqu'à ce que les mots n'entrent plus dans notre cerveau, n'entrent même plus dans nos oreilles.

Nous nous exerçons de cette façon une demi-heure environ par jour, puis nous allons nous promener dans les rues.

Nous nous arrangeons pour que les gens nous insultent, et nous constatons qu'enfin nous réussissons à rester indifférents.

Mais il y a les mots anciens.

Notre Mère nous disait :

-Mes chéris ! Mes amours ! Mon bonheur ! Mes petits bébés adorés !

Quand nous nous rappelons ces mots, nos yeux se remplissent de larmes.

Ces mots, nous devons les oublier, parce que, à présent, personne ne nous dit des mots semblables et parce que le souvenir que nous en avons est une charge trop lourde à porter.

Alors, nous recommençons notre exercice d'une autre façon.

Nous disons :

- Mes chéris ! Mes amours ! Je vous aime... Je ne vous quitterai jamais... Je n'aimerai que vous... Toujours... Vous êtes toute ma vie...

À force d'être répétés, les mots perdent peu à peu leur signification et la douleur qu'ils portent en eux s'atténue.

Auteur: Kristof Agota

Info: Le grand cahier, éditions du Seuil, 1986, pages 24-25

[ résistance ] [ amour-haine ] [ déréalisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

travail intellectuel

Pour nos études, nous avons le dictionnaire de notre Père et la Bible que nous avons trouvée ici, chez Grand-Mère, dans le galetas.

Nous avons des leçons d’orthographe, de composition, de lecture, de calcul mental, de mathématiques et des exercices de mémoire.

Nous employons le dictionnaire pour l’orthographe, pour obtenir des explications, mais aussi pour apprendre des mots nouveaux, des synonymes, des antonymes.

La Bible sert à la lecture à haute voix, aux dictées et aux exercices de mémoire. Nous apprenons donc par cœur des pages entières de la Bible.

Voici comment se passe une leçon de composition :

Nous sommes assis à la table de la cuisine avec nos feuilles quadrillées, nos crayons, et le grand cahier. Nous sommes seuls.

L’un de nous dit :

- Le titre de ta composition est : "L’arrivée chez Grand-mère"

L’autre dit :

- Le titre de ta composition est "Nos travaux".

Nous nous mettons à écrire. Nous avons deux heures pour traiter le sujet et deux feuilles de papier à notre disposition.

Au bout de deux heures, nous échangeons nos feuilles, chacun de nous corrige les fautes d’orthographes de l’autre à l’aide du dictionnaire et, en bas de page, écrit : "Bien" ou "Pas bien". Si c’est "Pas bien", nous jetons la composition dans le feu et nous essayons de traiter le même sujet à la leçon suivante. Si c’est "Bien", nous pouvons recopier la composition dans le Grand Cahier.

Pour décider si c'est "Bien" ou "Pas bien", nous avons une règle très simple : la composition doit être vraie. Nous devons décrire ce qui est, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons.

Par exemple, il est interdit d'écrire: "Grand-Mère ressemble à une sorcière" ; mais il est permis d'écrire: "Les gens appellent Grand-Mère la Sorcière."

Il est interdit d'écrire: "La Petite Ville est belle", car la Petite Ville peut être belle pour nous et laide pour quelqu'un d'autre.

De même, si nous écrivons: "L'ordonnance est gentil", cela n'est pas une vérité, parce que l'ordonnance est peut-être capable de méchancetés que nous ignorons. Nous écrirons simplement "L'ordonnance nous donne des couvertures".

Nous écrivons : "Nous mangeons beaucoup de noix", et non pas : "Nous aimons les noix", car le mot "aimer" n'est pas un mot sûr, il manque de précision et d'objectivité. "Aimer les noix" et "aimer notre Mère", cela ne peut pas vouloir dire la même chose. La première formule désigne un goût agréable dans la bouche, et la deuxième un sentiment.

Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues ; il vaut mieux éviter leur emploi et s'en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c'est-à-dire la description fidèle des faits.

Auteur: Kristof Agota

Info: Le grand cahier, éditions du Seuil, 1986, pages 32-34

[ enfants ] [ expression écrite ] [ règles d'évaluation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson